… Film de Sandrine Kiberlain, semaine de la Critique Cannes 2021, sortie en salle le 26 janvier 2022.
Avec Rebecca Marder, André Marcon, Anthony Bajon.
Dans ce film bouleversant et surtout délicat dans la mesure où le contexte dramatique de l’été 1942 en France (occupation allemande et mesures prises contre les Juifs par le Gouvernement de Vichy, les rafles, l’étoile jaune), est évoqué sans pour autant être rendu visible au premier plan ou en « toile de fond » comme c’est le cas dans d’autres films « de la même veine »…
Irène, une jeune fille juive âgée de 19 ans et Parisienne (et Française), passionnée de théâtre, envisage de devenir actrice et est inscrite dans une école de formation de comédien, où elle doit passer un concours avec son ami…
Grâce à la bienveillance d’un fonctionnaire, Irène a réussi à obtenir sa participation au concours, alors qu’en cet été 1942, les Juifs -Français – n’ont plus accès aux fonctions publiques, aux écoles spécialisées…
Soutenue par sa famille, par ses amis et connaissances du milieu du théâtre, et bien que consciente des périls encourus lors de ses déplacements pour se rendre aux répétitions, Irène vit pleinement et tout naturellement l’élan de ses 19 ans, en apparence insouciante, heureuse de vivre…
La scène de ce film, à mon sens, la plus « significative », la plus émouvante, la plus belle, c’est (à la fin du film) lorsqu’Irène portant sur sa veste l’étoile jaune, fête au milieu de ses amis du Théâtre (qui eux, ne portent pas d’étoile) sa réussite au concours…
À la vue de cette scène j’ai pensé – il m’a pris de penser – que, dans le monde de l’art et des comédiens et artistes, et en partie (en partie je souligne) celui des écrivains, des intellectuels, des gens de Lettres, de pensée et de réflexion, et plus généralement des gens ayant bénéficié disons « d’une certaine éducation »… Le fait d’être Juif – ou étranger, de telle origine, ou d’une « catégorie sociale déterminée »… N’avait aucune importance… Ce qui n’était pas le cas dans la société française de 1942, majoritairement acquise (tacitement ou délibérément) aux idées reçues et imposées, à l’antisémitisme ambiant…
Ce film sorti en salle en janvier 2022, « fait écho » à un ordre de pensée, d’opinion, à propos d’antisémitisme ambiant, et qui – il faut le dire- est assez présent en France et en Europe dans les années 20 du 21ème siècle – et ressemble à ce qui régnait en France en été 1942… (Avec les persécutions et les rafles en moins – mais pas les agressions et les insultes et les violences sur les réseaux sociaux et dans l’expression publique)…
D’une manière générale on peut dire que plus, largement plus de la moitié, aujourd’hui en 2023, de la population française, se retrouve dans un courant dominant d’ordre d’idée au sujet des juifs, mais également au sujet des étrangers, des « venus d’ailleurs », des migrants, des personnes suspectes, de mauvaise apparence, jugées responsables d’actes délictueux et de violences, d’agressions… Comme si la délinquance, la violence, l’incivilité, n’était pas « une affaire » intéressant l’humanité toute entière du haut en bas des échelles sociales… Mais « surtout » (et quasi essentiellement et décidé majoritairement) « une affaire » d’ethnie, de type de population, de différence cuturelle, d’origine, d’éducation, voire de couleur de peau!)