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Livre

  • Le Talon de fer, de Jack London

    The iron heel

     

    Traduit de l’Américain par Philippe Mortimer, éditions Libertalia 2018, publié aux États Unis d’Amérique en février 1908.

     

    Un récit d’anticipation et un classique de la Révolte, appartenant au Patrimoine Mondial de la Littérature…

    Soit dit en passant, il n’y avait pas en 1908 comme de nos jours, d’intelligence artificielle générative pour « aider » les écrivains à rédiger un roman, un essai ou un récit… Mais déjà à l’époque il existait, bien présent, tel un « talon de fer », un Ordre du Monde, l’ordre d’une société et d’une économie capitaliste ( et dans certains pays totalitaire et fasciste) , de firmes et d’actionnaires, et des médias, des journalistes, des écoles, des universités, des scientifiques, des « nervis », des avocats, des juristes… Et « toute une morale » et l’appui de la Religion, tout cela au servive des dominants, des possédants, des « maîtres du monde » de l’époque…

    Et toute création – artistique, littéraitre – et toute réalisation, invention, en quelque domaine d’activité que ce soit ; à l’époque de Jack London, se devait dans l’Ordre du Monde d’une société d’économie capitaliste, d’avoir « une valeur marchande » autant que possible achetable par un grand nombre de gens auxquels il fallait plaire – et non pas déranger dans leur manière de penser…

     

    Abraham Lincoln Président des États Unis d’Amérique élu en 1860, réélu en 1864, né le 12 février 1809 et assassiné le 15 avril 1865 à Washington DC, avait déclaré peu de temps avant sa mort :

    « Je vois venir, dans un avenir proche, une crise qui m’angoisse au plus haut point et me fait trembler pour la sûreté de mon pays… Les grandes firmes sont montées sur le trône, et une ère de corruption en haut lieu s’ensuivra ; les puissances de l’argent de ce pays feront tout leur possible pour prolonger leur règne en s’appuyant sur les préjugés populaires, jusqu’à ce que le gros de la richesse se trouve concentré entre quelques mains, et que la République soit détruite »…

     

    Ces grandes firmes ou consortiums ou multinationales – au Moyen Age, et aux 16ème et 17ème siècle en Europe c’étaient des Guildes marchandes – et leurs assemblées d’actionnaires principaux auquelles s’ajoutent des centaines de milliers d’autres actionnaires « petits porteurs », exercent sur le monde, sur les peuples (sur les gens qui ne sont pas eux, des actionnaires) une pression comme celle d’un « talon de fer » qui écrase…

     

    Les domaines essentiels à la société humaine tels que ceux de l’alimentation, de l’agriculture, de la pêche, de l’industrie, de la médecine et de la pharmacie, de l’école, de l’université, de la science, des arts et de la littérature, de l’entreprenariat artisanal et commerçant, de toutes les activités humaines … Ont été pris d’assaut par les oligarchies dominantes… Et de surcroît les marchands d’armes et les trafiquants de toutes sortes, et ce que l’on appelle la « Réal-politique » se sont mis de la partie…

    D’où les deux grandes guerres mondiales du 20ème siècle, les guerres du 21ème siècle et toutes les guerres à venir (les guerres devenant de plus en plus technologiques)…

     

    Il n’y a que la Terre toute entière, épuisée, pillée de la plupart de ses ressources essentielles à la vie humaine, souillée, abîmée, et devenue en partie désertifiée, qui, par ses colères d’une violence extrême sous la forme d’intempéries, d’incendies, d’éboulements gigantestesques, d’ouragans, de tornades, d’innondations… Qui pourra broyer le « talon de fer » ! … Et ainsi, mettre dans la nécessité – l’obligation en somme – pour les survivants, de revoir la gestion et l’organisation de la société humaine… Jusqu’à ce que revienne « un autre Talon de fer »…

     

     

  • Le cahier d'Aziz, de Chowra Makaremi ; Gallimard 2023

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    En février 1979, une révolution populaire de paysans, d’ouvriers, d’employés, d’étudiants ; classes laborieuses, défavorisées économiquement, et classes moyennes de la société soit une partie de la bourgeoisie – artisans, commerçants, entrepreneurs ; lors d’un soulèvement général de toute une population en Iran, renverse le Shah et son régime…

     

    Tous ces gens qui se sont soulevés contre le Shah et son régime étaient des musulmans – chiites la plupart – mais musulmans en Iran tels que les chrétiens d’Europe sont catholiques ou protestants, c’est à dire croyants « de tradition », pratiquants ou non…

     

    Lorsque fut proclamée et instaurée en 1979, la République Islamique d’Iran, ce sont ces groupes organisés issus du peuple, ayant dans leurs rangs des gens instruits, en capacité de gérer et de gouverner, et réunis à l’origine du nouveau pouvoir en assemblées de conseils populaires (des Chowra) qui se sont mis (ont commencé) à gouverner le pays et à prendre les premières mesures en matière de justice, de politique sociale et économique…

     

    Ce furent ce que plus tard, le pouvoir religieux des Ayatollahs appela « les Mojahedins » (ceux qui ont instauré au départ les assemblées de conseils populaires et y ont participé en fonction de leur engagement, de leur capacité à agir)…

     

    Le drame dans la révolution Iranienne fut que les Religieux ( les chefs, les Imams et leurs associés influents, les partisans d’un Islam rigoriste et fondamentaliste – et anti démocratique – ont d’abord été les « observateurs » - si l’on peut dire- de la révolution populaire des « Mojahedins » ; qu’ils ont pour ainsi dire laissé massacrer des milliers de gens devant le palais du Shah, et que dès lors que fut instaurée la République Islamique d’Iran – et même avant, bien avant février 1979 – les fondamentalistes religieux ont infiltré les groupes de Mojahedins, soit en les soudoyant, soit en exerçant sur eux des pressions idélogiques, et reprenant à leur compte les revendications du peuple…

     

    Aussi, peu de temps après le renversement du Shah, déjà avant la fin de 1979, ce sont des « komité » qui ont remplacé les « chowra », et ces « komité » étaient désormais dirigés par les religieux rigoristes, les Immams, les Ayatollahs (qui se sont affirmés dépositaires de l’Ordre Islamique » - la Loi de Dieu, la Charia)…

     

    Et une fois que les Religieux ont pris le pouvoir, ils ont fracturé le peuple, jeté le peuple à terre… Et commencé à procéder à une « épuration »… Et c’est ainsi que, de la fin de 1979 jusqu’en 1988, des dizaines de milliers – sans doute même des centaines de miliers de gens – en Iran, ont été arrêtés, emprisonnés, torturés, pendus, fusillés, et ont empli les prisons (60 cm carrés d’espace par prisonnier!)… Et que, durant la guerre de huit ans Irak – Iran, de 1980 à 1988, les armées Iraniennes envoyaient des centaines d’enfants du peuple déminer de leurs mains les champs de bataille…

     

    Et, ce qui à l’époque – dans les années 1980 – a été occulté par les médias et par « l’Ordre du Monde », c’est que les Ayatollahs et les Imams au Pouvoir en Iran, ont « remobilisé » des personnages de la police politique du Shah… Avec la complicité de la Droite Américaine mettant en avant l’utra libéralisme !

     

    Fatemeh en octobre 1979, l’une des deux filles d’Aziz exécutées l’une en 1982 et l’autre en 1988, écrit à sa sœur Fataneh :

    « L’organisation des mojahedins s’est abstenue de voter oui au référendum sur la Constitution, parce que celle-ci ne contenait aucune référence à l’impérialisme, au colonialisme et à l’exploitation. »

    Il est « assez curieux » - mais « significatif » - qu’à l’époque de ces années 1980 d’ultra libéralisme galopant, d’avoir constaté cet appui Américain à un régime Iranien dont il contestait pourtant les fondements religieux !

     

    Après la grande épuration générale – dans la violence, dans la torture, dans la barbarie – et à grande échelle – de 1979 à 1988 ; c’est jusqu’à nos jours, les mêmes principes rigoristes des dirigeants et de leur régime autoritaire, qui dominent encore (et s’exerçent à l’égard des femmes notamment, en Iran)…

     

  • Ma vie extraordinaire, de Benoît Duteurtre, Gallimard 2021

     

     

    Né le 20 mars 1960 à Sainte Adresse en Seine Maritime, disparu à l’âge de 64 ans dans sa maison familiale du Valtin dans les Vosges, le mardi 16 juillet 2024 ; Benoît Duteurtre, écrivain Français, selon Milan Kundera « avait un sens aigü du réel et l’art de saisir la nudité comique des choses »…

     

    Intéressé par les aspects concrets de notre époque – fin du 20ème et premier quart du 21ème siècle – ainsi que par les traits de caractère et par les comportements de nos concitoyens dans des situations particulières durant cette époque « à cheval » entre deux siècles ; Benoît Duteurtre est l’un sinon peut-être celui, de tous les écrivains de cette époque, qui a su au mieux, révéler par son langage, par son style, ce « pays des modes en France, avant-gardiste autoproclamé, radical, destructeur et grotesque…

     

    Ayant lu, de lui : Tout doit disparaître, Gaieté parisienne, Le voyage en France, Service clientèle, Les pieds dans l’eau, l’été 76, L’ordinateur du paradis, et récemment, Ma vie extraordinaire… Autrement dit presque tous ses livres, je puis dire de Bernard Duteurtre qu’il est, avec Michel Houellebecq, l’un des écrivains dont je me sens le plus proche en tant que témoin et, en quelque sorte « paysagiste observateur et critique de notre société actuelle » que je puis être moi-même – à ma façon…

     

    Je partage aussi avec lui son engouement pour les Vosges – en particulier cette région en gros de Plainfaing, de la vallée du Rudlin, du village du Valtin, et du Grand Valtin et des hautes chaumes, ce « coin des Vosges » qui à mon sens, est très représentatif du département des Vosges et pour lequel j’ai -disons- « une certaine affection »… Pour les gens « du coin », pour les paysages, pour une « qualité de la relation humaine » empreinte de réalisme parfois assez cocasse, d’humour, de capacité d’accueil, de gentillesse, de simplicité… (Je n’ai pas trouvé « à ce niveau là » ailleurs, en France, l’équivalent – quoique dans d’autres régions « relativement approchant »)…

     

    Cela dit, lire Benoît Duteurtre est peut-être « plus reposant » que lire Michel Houellebecq… (à mon sens)…

     

    « Je ne fêterai donc pas, hélas, mes cent ans le 9 janvier 2048, à la terrasse d’un café du Valtin ou de Plainfaing en compagnie de Benoît Duteurtre (que j’ai rencontré au Festival International de Géographie à Saint Dié, plusieurs années de suite où il venait régulièrement »)…

     

    Page 48 :

    « L’enchantement de l’eau s’éveillait comme un murmure, depuis mon lit où frappait le soleil du matin. En même temps que le chant des coqs au loin, j’aimais plus que tout ce clapotis des ruissseaux et des rigoles qui, autour du Moulin, dévalaient la prairie et produisaient en permanence un bruit léger, comme celui des fontaines des palais arabes où l’on savait que cette sonorité apaise les sens et soigne l’esprit. »

     

    Page 49 :

    « Toute cette fraîcheur convergeait vers le lit de la Meurthe et celui de la Vologne. Cette dernière formait la « vallée des lacs » qui se succédaient d’amont en aval : Retournemer le plus sauvage, Longemer le plus beau et Gérardmer le plus vaste. Les Vosges étaient vraiment le pays de l’eau »…

     

    Gérardmer vient de Gérard Meix (du nom d’un « seigneur local du haut Moyen Age » fondateur de la ville) … Gérardmer se prononce donc Gérardmé…

     

     

  • Condorcet, un intellectuel en politique, de Elisabeth et Robert Badinter

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    De son nom exact : Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat, né le 17 septembre 1743 à Ribemont dans l’Aisne, décédé le 29 mars 1794 à Bourg Égalité dans les Hauts de Seine…

    Au XVIIIème siècle dit « siècle des lumières » Nicolas de Condorcet, mathématicien, fut un intellectuel, un philosophe, un défenseur des Noirs, des Juifs, des femmes, un abolitionniste de l’esclavage convaincu et militant… Qui a durant toute sa vie combattu contre toutes les iniquités.

    En 1770 cependant, alors qu’il était âgé de 27 ans, Nicolas de Condorcet, d’un esprit éclairé et doué d’un talent exceptionnel, pour autant ne « brillait pas en société » et « faisait pauvre figure dans les salons à la mode de l’époque »…

    En société, Condorcet parlait peu. Visiblement distrait et préoccupé, à le voir, il n’exprimait que ce qui était nécessaire en réponse aux questions que l’on lui posait… Mais sans doute en petit groupe en compagnie d’amis, de proches, d’intimes ; devait-il se montrer « plus prolixe »…

    De ce « siècle des Lumières » que fut le XVIII ème, l’Histoire retient surtout trois grands noms Voltaire, Rousseau, Montesquieu… Auxquels on associe D’Alembert et Diderot… Il faudrait ajouter Condorcet…

    De quelles lumières peut-on parler, au XXI ème siècle ? Sans nul doute celles de toutes les femmes et de tous les hommes de bonne volonté (dans leur comportement au milieu de leurs proches, amis et connaissances d’une part ; et dans ce qu’ils et elles entreprennent durant leur vie en quelque domaine que ce soit, d’autre part )…

     

    Dans « le rapport sur l’instruction publique » l’on lit :

    « Puisque l’instruction est libératrice des hommes, qu’elle soit aussi universelle, égale et complète que possible.../… Mise en œuvre des principes : école primaire ouverte à tous les enfants de six à dix ans.../… École secondaire de dix à treize ans où seront enseignés histoire, géographie, principes des arts mécaniques, du dessin, éléments de mathématique, de physique, d’histoire naturelle, une langue étrangère et les bases de la vie morale et de la science sociale »…

    « Tout un programme » - pour l’époque !

    Et… « À ce sujet » notre 21 ème siècle « devrait en reprendre de la graine » de ce que déclarait Condorcet les 9 et 18 avril 1792 au Comité d’Instruction Publique…

     

     

  • 20 ans pendant la guerre d'Algérie, de Raphaël Delpard

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    … Désormais après avoir lu ce livre de Raphaël Delpard, chaque fois que je me trouverai en face d’un monument aux morts sur lequel sont inscrits les noms de ceux de nos compatriotes qui ont été tués en Algérie entre 1954 et 1962 ; inévitablement je penserai à ce que j’ai lu dans ce livre…

    Oui, notre République Française peut bien commémorer, honorer ceux qui sont morts pour la France durant cette guerre qui, rappelons le, était qualifiée « d’opérations de maintien de l’ordre et de pacification » afin de minimiser aux yeux de l’opinion publique à l’époque (années 1950 sous la 4ème République) la gravité des évènements, la violence des combats, et le fait que c’était bien là, en Algérie, une guerre dans le plein sens du terme…

     

    La vérité dans cette affaire c’est que des jeunes Français en 1955, 1956 et jusqu’en 1961, n’ont pas été traités au quotidien de l’époque lorsqu’ils ont été appelés en masse, par la République Française, comme le laissent apparaître « sur le marbre » tous ces monuments aux morts au bas desquels les municipalités déposent le 19 mars de chaque année, une gerbe ou une couronne de fleurs, dans un « pieux recueillement »…

    En effet, et c’est bien là le « décalage » qu’il y a entre « commémorer, honorer » comme on le fait aujourd’hui depuis des dizaines d’années… et « ce qui s’est réellement passé au quotidien en 1955, 1956 et jusqu’à 1961, lorsque ces jeunes ont été appelés, encasernés, « instruits », transportés en train jusqu’à Marseille, puis en bateau pour Alger ou pour Oran »…

    Depuis Bitche en Moselle, depuis Arras, Brest, Amiens, Lille, Bayonne, Toulouse, Bordeaux, Lyon, Grenoble, Clermont Ferrand, Aurillac… Les premiers appelés de 1955/1956 pour l’Algérie étaient transportés jusqu’à la gare de Marseille par… Trains de marchandises de wagons à bestiaux (exactement les mêmes wagons que ceux utilisés pour le transport des déportés de la seconde guerre mondiale – chevaux 8, hommes 40)… Et les bateaux de transport de troupes traversée de la Méditérranée était de vieux navires datant du début du siècle qui avaient servi après 1945, au transport de moutons !

     

    C’est « ainsi » que la République Française, la 4ème de ce nom avec François Mitterrand ministre de l’Intérieur du Gouvernement Mendès France de 1954 à 1955, a « traité » sa jeunesse « mobilisée pour le maintien de l’ordre en Algérie » …

     

    « Des années d’enquête ont permis à Raphaël Delpard, écrivain et cinéaste, de montrer ce que fut la vie au quotidien de ces générations sacrifiées et de leur rendre la parole qui leur avait été confisquée dans l’indifférence générale et le mépris des gouvernements » …

     

    Notons que ce livre a été publié pour le compte des Editions Michel Lafon en décembre 2000 (dépôt légal janvier 2001) … Et qu’il n’aurait certainement pas paru, ce livre – et pour cause ! - plus récemment qu’en 2000, et à plus forte raison dans les années 1980 ou 1970 ! …

    Même encore en 2024, « certains » diront « les wagons à bestiaux, les rafiots pourris (pour le transport des troupes) c’est de la légende »…

     

    Une question pour conclure : « Le monde – Français, Européen, Planétaire – de 2024, est-il mieux que celui de 1956, question traitement des êtres humains autres que les privilégiés, les grands possédants, les élites ? » Ah, si, « reconnaisons le »: il y a de tout consommable loisiresque technologiqué internetisé à gogo ; les trains sont des OUIGO et des INOUI, les bateaux sont de croisière et les vieux rafiots à moutons ont été remplacés par des Airbus à touristes… Donc c’est quand même mieux vivable en 2024 qu’en 1956… Pour une plus grande majorité de gens du moins…