… Selon Christian Bobin, écrivain et poète Français né le 24 avril 1951 à Le Creusot en Saône et Loire, et mort le 23 novembre 2022 à Chalons sur Saône ; le monde d’aujourd’hui – du 21ème siècle – est peuplé de gens qui sont à la fois instruits et analphabètes, qui maîtrisent les ordinateurs et ne comprennent plus rien aux âmes : il leur faudrait parler une langue qui n’a plus cours, autrement plus fine que le patois informatique.
L’instruction en effet, par l’école, dans la quasi totalité des pays du monde, s’est généralisée, et, outre celle qui se fait dans les écoles, il y a aussi celle qui se fait par les livres, les journaux, que l’on lit ; par le cinéma, par la télévision, par la radio, par l’information qui circule sur internet…
Mais l’analphabétisme qui ne devraît être que celui de ne point savoir lire et écrire, c’est aussi celui de l’obscurantisme qui lui, tout en demeurant le même que celui qui a toujours existé, s’augmente au 21ème siècle, de tout ce que véhiculent les transporteurs de l’information autrement plus rapides que ne l’étaient les transporteurs de jadis (la feuille imprimée, les colporteurs, par exemple)…
C’est pourquoi, comme l’écrit Christian Bobin, nous sommes à la fois instruits et analphabètes… (mais en vérité, plus instruits et plus analphabètes que les générations qui nous ont précédées)…
Parce que la langue qui avait cours « dans le temps », elle n’était sans doute « pas très châtiée », n’était qu’un patois purement local, n’était que locutions, termes et formulations imagées, populaires et grossières selon les « bien parlant » du temps… Mais c’était une langue qui pouvait tout exprimer de ce qui vient de l’âme (de l’intériorité de chacun) – et d’ailleurs en dépit de mille dialectes et patois locaux, régionaux, les gens parvenaient à se comprendre – par le regard, le geste, l’expression du visage…
Le jargon mondialisé, informatisé, anglicisé, codifié, icônifié, avatarisé, signalétiquisé, hashtaguisé, dégrammairisé, désorthographié, a broyé, concassé, liquéfié, poli, arasé… Tout sur son passage, réduit les nuances à des effets de langage…
Réduit les nuances et atrophié la pensée, et grand’ouvert la porte des obscurantismes (qui était déjà bien ouverte)…