… Ils sont du même pays, de la même région…
Ils s’étaient trouvés l’un à côté de l’autre, en vacances dans un camping de la côte vendéenne…
S’étaient échangé des livres et durant les quinze jours qu’ils avaient passé ensemble avec d’autres personnes, ami(e)s occasionnels et de passage, installés dans ce camping ; un soir ils s’étaient réunis autour d’un barbecue…
Ils avaient pris ce soir là, les uns et les autres, des photos ; ri et conversé jusque tard dans la nuit…
Un jour de très beau temps, ils s’étaient aventurés en une excursion pédestre par des chemins côtiers, un autre jour, avaient déambulé entre les étals d’un marché local…
Dix ans plus tard ils s’étaient rencontrés tout à fait par hasard dans la galerie marchande d’une grande surface commerciale d’une ville de leur région…
L’un avait reconnu l’autre mais l’autre n’avait pas réagi…
Dix ans c’est un grand espace de temps lorsqu’entre personnes ayant un temps vécu ensemble, l’on ne s’est plus revu…
L’un s’était souvenu, l’autre pas…
Ainsi lorsque des personnes en un moment et en un temps donné s’étaient senties reliées, des rêves avaient-ils pris feu qui emportés par quarante saisons, se sont éteints … Pour l’un mais pas pour l’autre …
L’un était devenu pour l’autre un étranger, dix ans plus tard…
Et que dire, que penser, que faire, pour l’un qui se souvient et reconnaît, en face de l’autre qui ne se souvient pas, ne reconnaît pas ?
Peut-être, pour l’autre, qui n’a pas réagi, un visage comme un dessin en partie gommé, surgi d’un bouillonnement de souvenirs…
Ce visage de l’un dont le regard perçu par l’autre, et n’ayant rien évoqué à cet autre, ressenti comme une intrusion dans la vie présente de cet autre…