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Livres lus - Page 3

  • Hannibal, de Zakya Daoud

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    Quatrième de couverture

     

    Né en 247 avant J-C à Carthage, près de l’actuelle Tunis, Hannibal, élevé dans la haine de Rome par son père Hamilcar Barca, consacra sa vie à la combattre.

    C’est lui qui déclenche la deuxième guerre punique qui durera de -218 à – 201. Après une traversée légendaire des Alpes, il envahit l’Italie où il remporte sur les Romains des batailles qui l’on fait comparer à Alexandre Le Grand.

    Son écrasante victoire à Cannes le porte au faîte de sa gloire avant qu’il ne rencontre un adversaire à sa mesure en la personne de Scipion l’Africain qui finit par l’emporter à Zama.

    La deuxième partie de son existence – il meurt en -183 – est marquée par une brillante activité réformatrice, précédant l’errance de l’exil.

    Menacé d’être livré aux Romains, il choisit de mettre fin à ses jours.

    Dans ces pages sensibles, l’auteur dépeint non seulement l’incomparable chef de guerre mais aussi l’homme politique oublié, dont les buts étaient de dessiner une nouvelle géopolitique de la Méditerranée incluant la Rome naissante, et montre comment, malgré ses échecs, ils est devenu un mythe qui a perduré à travers les siècles.

     

    Cannes est située dans la région des Pouilles, en Apulie dans le Sud Est de l’Italie et la célèbre bataille du nom de cette cité de la région des Pouilles (qui soit dit en passant fut un chef d’œuvre de stratégie militaire conçu par Hannibal, prise pour modèle dans les écoles de guerre jusqu’à la seconde guerre mondiale) eut lieu le 2 Août – 216 et fit environ 50 000 morts dont la plupart Romains…

    Zama où se sont affrontées les armées Romaines dirigées par Scipion l’Africain et le roi Numide Massinissa d’une part, et les armées Carthaginoises dirigées par Hannibal Barca, d’autre part ; est située dans le Nord Ouest de la Tunisie, et la bataille de Zama eut lieu le 19 octobre -202.

    Cette bataille, perdue pour les Carthaginois, mit fin à la deuxième guerre punique qui avait commencé en -218.

    À cette époque vers -202, les Romains avaient débarqué en Afrique depuis la Sicile, au Cap Bon extrémité de la Tunisie et sur la côte jusqu’à Sfax ; repris les possessions Carthaginoises en Espagne (au sud de l’Ebre)… Et dès même sa longue marche de Carthagène (sud est de l’Espagne) jusqu’en Italie par les Alpes (80 000 hommes au départ en mai -218) et à plus forte raison lors de sa traversée de l’Italie et des batailles qu’il mena contre les Romains en Italie, Hannibal ne fut pas soutenu par Carthage où dominait Hannon et sa « clique » de possédants grands propriétaires aristocrates décideurs, contre le parti des Barca qui lui soutenait Hannibal, un parti « plus en faveur de la démocratie » si l’on veut…

     

    Lorsque débuta la première guerre entre Rome et Carthage, en -264, les deux cités avaient autour d’elles déjà, tout un territoire où elles exerçaient l’une et l’autre leur influence et leur domination.

    Rome sur les deux tiers de l’Italie depuis le nord des Appenins jusque vers le sud (en fait la partie centrale de l’Italie)

    Carthage sur la partie nord et nord ouest de la Tunisie, le long de la côte méditerranéenne de Tunisie jusqu’en Lybie Cynéraïque, puis les régions situées en Afrique du Nord depuis la dorsale tunisienne (extrémité de l’Atlas) : Numidie, Berbérie, jusqu’au Maroc… Et ensuite à l’époque d’ Hamilcar puis d’Hannibal, dans la péninsule Ibérique : andalousie, sud est méditérranéen, jusqu’à l’Ebre…

    L’État Romain dès le 3ème siècle av JC, alors qu’il ne dominait encore que sur la partie centrale de l’Italie, était – bien plus que ne l’était Carthage – un état unifié, de peuples acquis à la romanité, alliés et fidélisés dans un système économique, social et politique qui, en quelque sorte les rendaient dépendants de l’autorité centrale (pour les avantages qu’ils en retiraient et dont ils ne pouvaient se passer)…

    L’on ne pouvait en dire autant, à cette époque, de l’empire Carthaginois, très disparâtre, constitué de peuples soumis « à la dure » alliés occasionnels mais souvent révoltés et passant dans un autre camp, tels par exemple les Numides…

     

    Première guerre punique : - 264 jusque -241, soit 23 ans

    Deuxième guerre : -218 jusque -201, soit 17 ans

    Troisième guerre : -149 jusque – 146 (destruction et disparition de Catthage), soit 3 ans…

    Cent dix huit ans en fait, de conflit entre Rome et Carthage.

     

    L’Histoire (la « grande Histoire générale ») s’est en quelque sorte « jouée » en ce qui concerne le devenir de la civilisation Européenne depuis l’antiquité Grecque, Égyptienne et Romaine (précédée par la civilisation Égéenne de -3000 à – 1200)… Durant ces 120 années au cours desquelles Rome et Carthage se sont trouvé en opposition frontale et donc en guerre…

    Peut-on « imaginer » si cela est possible, quelle aurait été l’Histoire, si Carthage avait « eu le dessus » ?

    Certes, les deux mondes ou deux civilisations, Rome et Carthage, étaient fondées autant l’une que l’autre sur la domination par les aristocrates, les patriciens, les riches propriétaires, la bourgeoisie aisée, dont les personnages les plus influents étaient « aux commandes » dans les sénats, les gouvernements, les plus prestigieux des postes de l’état…

    Cependant, dans le monde Romain, bien plus que dans le monde Carthaginois ; le « principe de relation » entre les différents corps sociaux, entre les peuples alliés ou soumis et les autorités au pouvoir, « contrebalançait » (dans une certaine mesure) – si l’on peut dire – la domination « pure et dure »…

    Hamilcar et Hannibal, du parti des Barca à Carthage, opposé au parti des Hannon, ont tant soit peu contribué à essayer d’instaurer une politique, un « système », une structuration de la société Carthaginoise « éclatée et diversifiée et seulement unie dans l’opportunité » « plus démocratique »… Ils n’y sont pas parvenu et c’est l’une des raisons parmi d’autres, de la défaite finale de Carthage… Et de l’essor de Rome…

     

     

     

  • Venise à l'heure du spritz

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    ... De Jean Pierre Poccioni, écrivain et romancier, Serge Safran Éditeur, roman paru en mai 2023

    « Pour qui n’a pas le pied marin Venise enseigne par la pratique du vaporetto l’art d’embarquer imperceptiblement. »… ( Incipit ) …

    « Incipit » : premiers mots, première phrase d’un roman, d’un récit, d’une nouvelle ; cette première phrase mettant en place le cadre de l’histoire… ( l’excipit désignant à la fin du roman, du récit, de la nouvelle, le moment où l’histoire se termine )…

     

    Défenseur – et amoureux passionné – de la langue française… En dépit – parfois- de « quelques entorses » faites (délibérément il est vrai) à l’ intransigeance qui est la mienne en matière de langage autant écrit que parlé… Et aussi de « quelques tournures ou formulations tout à fait personnelles, de mots inventés, d’emploi « abusif » de guillemets, de points de suspension, et autres « bizarreries » … Qui ne sont point, dis-je des « effets de langage », rien de plus que des « formulations personnelles » - qui « valent ce qu’elles valent » (rire)…

    À la lecture du livre de Jean Pierre Poccioni « Venise à l’heure du spritz » je ne puis qu’adhérer pleinement à l’écriture de Jean Pierre Poccioni dont j’ai lu, sauf un, tous les livres…

    En effet, avec Jean Pierre Poccioni, pas d’« entorses » (ni délibérées ni par méconnaissance et non maîtrise de la langue française)… Pas de mots inventés, pas de « bizarreries », pas d’abus de quoi que ce soit… Autrement dit « une pureté absolue » ou – si l’on veut- « un travail d’orfèvre soucieux de la beauté, de la finesse, de la qualité, de la pureté de ce qui est produit…

     

    J’en reviens à ce moment où Paul Manonni séjournant avec sa femme Sylvie à Venise, emprunte le vaporetto afin de se rendre à Murano (sans sa femme qu’il vient de quitter) : ayant moi-même entre le 20 et le 25 septembre 2010 à Venise emprunté un vaporetto ; effectivement lorsque l’on prend place dans un vaporetto à Venise, c’est comme si l’on se trouvait à bord d’une montgolfière, les pieds posés sur le plancher de la nacelle (impression de stabilité, de se trouver « sur le plancher des vaches »)…

     

    D’ordinaire « par les temps qui courent » les longues phrases dans un texte écrit, que ce soit dans un roman, dans un récit, et à plus forte raison sur Internet dans les blogs et dans les productions (les « posts ») sur les réseaux sociaux… Ne font guère loin s’en faut, l’unanimité et incitent à « zapper vite fait »…

    Jean Pierre Poccioni cependant, nous montre dans les livres qu’il écrit, en particulier dans « Venise à l’heure du spritz », qu’il est tout à fait possible de rédiger de longues phrases ne nécessitant point de devoir faire un « gros effort de lecture », tant la la fluidité, tant la clarté sont évidentes, ce qui facilite la lecture…

     

    Dans plusieurs scénarios imaginés – et possibles – la question de la réalité et de la fiction se pose, dans la mesure où une sorte d’« espace frontière » ne peut être vraiment déterminé entre réalité et fiction…

     

    Enfin pour le spritz – si cela vous dit- :

    75ml de Prosecco, un vin blanc Italien pétillant (ou équivalent)

    50ml de Campari (pour l’amertume) ou d’Apérol

    50ml d’eau de seltz ou d’eau gazeuse

    3 glaçons

    1 tranche d’orange

     

    Et… Selon l’humeur du moment… « Quelques réflexions existentialistes ou autres dans une « cité monde » de 2023 dont on suppose ou appréhende une évolution difficile et incertaine en gardant quelque espérance… En compagnie – si possible – d’un ami ou d’une amie… Autour du verre…

     

     

  • L'univers à portée de main, de Christophe Galfard

    Flammarion, juin 2015

     

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    … Une odyssée cosmique, actualisée selon les dernières découvertes, avant que n’ait été lancé dans l’espace le télescope James Webb… Qui permet, depuis juillet 2022, de s’approcher à moins de trois cents millions d’années lumière des origines de l’univers, du moins de l’univers que nous connaissons, à savoir celui que nous observons depuis la Terre notre planète, déjà à l’œil nu en regardant le ciel nocturne, et ensuite grâce aux télescopes les plus perfectionnés…

    Soit dit en passant, depuis une planète qui serait une « planète sœur «  de notre Terre, dans la galaxie d’Andromède ou dans une galaxie très lointaine, l’univers observable serait exactement le même, mais bien sûr, « vu » depuis le lieu de son observation…

    L’on peut donc « imaginer », par exemple, l’univers visible, tel qu’il apparaît depuis un monde de type terrestre, d’un système de type solaire, de la galaxie d’Andromède : la Voie Lactée, galaxie spirale située à deux millions et demi d’années lumière, toute petite dans le ciel nocturne d’une planète de type terrestre…

    Ainsi, les représentants d’une espèce intelligente, « habitants » d’une planète de type terrestre, n’importe où dans le cosmos, auraient l’impression et « croiraient-ils dur comme fer » que leur monde ou leur « Terre » est au centre de l’univers… À moins qu’ils ne soient bien plus avancés que nous dans la connaissance de l’univers et dans leurs technologies, découvertes…

     

    Docteur en physique théorique, Christophe Galfard a co-écrit avec Stephen Hawking son directeur de thèse à Cambridge : « Georges et les secrets de l’univers »…

     

    Cet ouvrage « l’Univers à portée de main » est accessible à tous, mais demeure cependant, à le lire, un ouvrage scientifique… Notamment lorsque Christophe Galfard explique dans son livre ce qu’est la physique quantique (l’étude du comportement des atomes et des particules et de leurs propriétés selon d’une part les lois physiques connues et d’autre part selon des lois ou principes différents et dépendant d’un environnement particulier autre que les environnements que nous pouvons observer ou connaître)…

     

     

     

  • Tout le bleu du ciel, de Mélissa Da Costa

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    La plupart des romans de « Grand Public » sont en général des romans dont les contenus, les thèmes, les scénarios, les trames, sont des histoires, des situations, assez courantes, dramatiques, émouvantes, comiques pour certaines, ou « mélodramatiques » et qui, certes, selon les sensibilités de chacun, peuvent avoir un intérêt, et donc, des lecteurs en plus ou moins grand nombre selon l’impact du livre, de l’histoire…

     

    Récits, romans de fiction, de terroir, d’aventure ; sur fond historique ou d’actualité, ce ne sont, même s’ils sont « très bien écrits », jamais ou presque jamais des « œuvres de littérature » en ce sens que ces œuvres de roman, de récit, sont plutôt des ouvrages que des œuvres, c’est à dire des ouvrages d’écriture qui reproduisent tout ce qui ressort du monde, du quotidien de vie des gens, de la diversité des situations…

     

    Ce livre « Tout le bleu du ciel », de Mélissa Da Costa, en tant que « roman grand public », diffère par ce qu’il présente et raconte, de la plupart des autres romans de grand public…

    Il nous fait comprendre dans un récit vivant, dialogué, où sont présentés et décrits des personnages hors du commun pour certains et ordinaires pour d’autres (ordinaires parce conditionnés dans un ordre du monde fondé sur les apparences) ce qu’est l’autisme, ce qu’est l’atteinte dite d’Alzheimer, ces deux affections dans leur développement, leur manifestations, dans ce que cela implique pour les proches en particulier, ainsi que pour les amis et les connaissances…

     

    Mélissa Da Costa imagine un jeune homme de 26 ans, atteint d’un « alzheimer précoce »…

    Presque tout le monde en effet, croit que « alzheimer ne peut affecter que des personnes âgées de plus de 60 ans – surtout essentiellement des personnes de plus de 85 ans…

     

    Selon le neurologue Alain Robillard, une jeune femme, Violette Turgeon-Provost, 27 ans, serait – à sa connaissance en 30 ans d’exercice de sa profession et de son expérience de médecin neurologue – la seule personne au monde, de moins de 30 ans, atteinte d’alzheimer…

    Actuellement en France, cependant, 33 000 personnes de moins de 60 ans, souffrent (et vont mourir) de la maladie d’alzheimer, dont quelques unes âgées d’une trentaine d’années…

     

    Les quelques commentaires dont j’ai eu connaissance au sujet de ce livre, portent sur la relation qui s’établit entre Émile, le jeune homme de 26 ans atteint d’un alzheimer précoce, et Joane, la jeune femme qui accompagne Émile dans son voyage…

    Mais apparemment, ces commentaires ne semblent faire que peu de cas du petit Tom, autiste, qui meurt accidentellement à l’âge de 3 ans…

    C’est dire si l’autisme est encore en France, une affection mal connue, et surtout mal perçue…

     

     

  • 1177 av-JC, le jour où la civilisation s'est effondrée, de Eric C.Cline

    Éric C.Cline, professeur d’histoire et d’anthropologie, né le 1er septembre 1960, Américain (USA), de l’université Georges Washington ; ayant participé à de nombreuses fouilles en Grèce, Crète, Chypre, Égypte, Israël et Liban .

     

    ... Un texte d'une rigueur scientifique notable, qui repose en grande partie sur la découverte de milliers de tablettes d'argile recouvertes d'une écriture qui était celle de la langue commune pratiquée dans le monde méditerranéen et moyen-oriental dans les échanges entre empires et états : l'Akkadien...

    En effet, dans le monde Égéen (en gros de -3000 à -1200 âge du Bronze), s'il se parlaient de nombreuses langues et dialectes dans les cinq grands empires et leurs provinces, du monde Égéen ; pour les échanges commerciaux, les traités, les lois et prescriptions internationales, la correspondance et les messages entre chefs d’état, princes, rois ; pour la culture, l’art, la littérature, les échanges par écrit se faisaient en Akkadien, langue commune, universelle, dans tout le monde Égéen…

     

    Ce texte retrace une période qui se situe entre le 14 ème et le 12 ème siècle avant JC, en gros sur trois siècles, à la fin de l'âge du bronze... Mais comme on peut le lire au début du livre, est évoquée une période précédente, de 1700 à 1550 AV-JC...

     

    Lorsque commence le 12 ème siècle AV-JC, dans les années -1190/-1180, toutes les civilisations de méditerranée grecque et orientale, se sont rapidement effondrées, le point culminant de l’effondrement étant une conjonction de plusieurs causes (invasion de peuples, destructions de villes et de cités, changement climatique/sécheresse, guerres, conflits, révoltes, rupture des échanges commerciaux) en l'année -1177... Causes auxquelles s'ajoute une importante activité sismique due à la faille en profondeur du bassin méditérranéen, entre les plaques africaine et eurasienne, une activité sismique qui, durant plusieurs dizaines d'années autour de -1200, a provoqué une série de séismes dévastateurs en Grèce, Anatolie, moyen orient)...

     

    Le monde "globalisé" (politique, économique, culturel, échanges internationaux, routes terrestres et maritimes) était constitué, à cette époque entre -1400 et -1200, de cinq grands empires et royaumes :

     

    -À l'ouest, la Grèce continentale avec Mycènes, Tirynthe et Pylos ; une partie des îles de la mer Egée et la Crète, les minoens, avec Cnossos pour capitale.

     

    -L'empire Hittite avec sa capitale Hattusa au nord de l'Anatolie, qui s'étendait cet empire Hittite sur une grande partie de la Turquie actuelle.

     

    -Le voisin, à l'est de l'empire Hittite, le royaume de Mitanni avec pour capitale Assur, une région comprise autour du cours nord du Tigre (nord de l'Irak actuel).

     

    -Au sud du royaume de Mitanni, la Babylonie des rois et des princes Kassites, située entre le Tigre et l'Euphrate dans la partie sud de ces deux fleuves, et jusqu'au Golfe persique.

     

    -L'empire Égyptien, de basse et haute Égypte, tout le long du Nil, et s'étendant au nord au delà du Sinaï, dans ce qui est aujourd'hui Israel et le Liban, avec Memphis et Thèbes (Égypte) et Megiddo, Tyr, Biblos (côte méditerranéenne).

     

    Tous ces empires, royaumes, sociétés, à cette époque, étaient connectés, avaient une langue commune (l'Akkadien), échangeaient de nombreux biens tels que des céréales, des tissus, de l'or, du cuivre, de l'étain, et les artistes, les marchands, circulaient librement d'un bout à l'autre de ce monde "globalisé" où la diplomatie, les traités, les codes, les correspondances par messages sur des tablettes d'argile ou par des cadeaux offerts, les alliances entre états, était la règle commune plutôt que le rapport conflictuel (quoi qu'il y eût, il faut dire, quelques guerres notamment entre Égyptiens et Hittites, Hittites et Mitanniens)...

     

    En dehors ou en deçà de ce monde "globalisé", il y avait aussi d'autres peuples, mais qui étaient moins reliés entre eux et peu reliés au monde méditerranéen et moyen oriental : Ibères, Celtes (ouest Européen), Etrusques (nord de l'Italie) et plus loin en Asie orientale, les peuples de Chine et d'Inde ... Sans oublier les peuples d'Afrique, d'Amérique, d'Océanie Pacifique...

     

    ... La période obscure qui s'étend entre -1200 et -800/-700 après l'effondrement de la civilisation méditérranéenne et moyen orientale de la fin de l'âge du bronze, peut être comparable à la période qui, entre les 4ème et 7ème siècle après JC, a suivi la chute et le déclin de l'Empire Romain (Empire qui avait duré de -200 environ à 450 après JC, du moins pour sa partie occidentale)...

     

    Cependant, après l'effondrement des empires et royaumes Grec mycénien Hittite Mittanien Babylonien Égyptien ; du 12 ème au 9ème siècle avant JC, la civilisation n'a pas pour autant disparue et des états, des royaumes se sont constitués, avec beaucoup moins de liens entre eux ; le monde méditérranéen et moyen oriental étant alors devenu une mosaïque de pays, où le commerce, l'artisanat, les échanges, se faisaient non plus à grande échelle mais par des entrepreneurs privés, indépendants et sur des distances moins longues, et sans règles communes...

     

     

    Il a fallu attendre l'arrivée du monde Grec que nous connaissons (l'antiquité grecque que l'on enseigne à l'école aujourd'hui, qui débute vers -700); puis l'Empire Perse, et ensuite l'Empire Romain à partir de la chute de Carthage, pour retrouver de grandes civilisations généralisées sur une vaste étendue territoriale...

     

    ... Il y a quelques correspondances dans le monde globalisé (en gros, la civilisation dite "occidentalisée") que nous connaissons aujourd'hui (depuis les années 1990) avec ses traités de libre échange, sa mondialisation de l'économie marchande, ses alliances entre grandes puissances telles que celles de l'OTAN, la dominance des lobbies de l'industrie, de l'agriculture et du commerce, les transports sur de grandes distances... Avec le monde de la fin de l'âge du bronze tel qu'il était alors entre -1400 et -1200... En ce sens que les "problématiques" sont à peu près les mêmes : celles d'un changement climatique (qui cette fois, est davantage lié à l'activité humaine sur la planète) , de désordres, de conflits, de mouvements migratoires consécutifs à des guerres et à de la misère dans des pays appauvris, de rupture ou de modification de traités d'échange, d'insécurité politique, de constitution de blocs de grandes puissances qui s'opposent, déstabilisant ce monde globalisé qui commence à se fragmenter, pour ne pas dire à voler en éclats...

     

    Un autre point commun entre notre monde et celui de la fin de l'âge du bronze, et peut-être le plus déterminant aussi combiné qu'il soit avec une série de causes multiples telles que celles citées plus haut ; c'est le niveau de complexité atteint, dans l'un et l'autre monde, pourtant séparés par 3200 ans d'histoire...

     

    En effet le monde de la fin de l'âge du bronze, de ces sociétés, états, empires royaumes, dans la civilisation grecque égéenne hittite mitannienne babylonienne égyptienne, avait atteint vers -1200 un niveau de complexité tel, que le moindre "rouage" défectueux dans le "système", par effet de domino, pouvait faire s'écrouler le système...

    Nous sommes de nos jours, avec notre civilisation mondialisée et ses technologies, dans une complexité encore plus grande...

     

    Autrement dit, plus une civilisation, plus une société est complexe, et plus elle devient fragile et donc exposée lorsque l'un des "rouages" du système se "grippe" entraînant toute sortes de dysfonctionnements...

     

    ... La différence qu'il y a -la plus manifeste à mon avis- entre le monde globalisé du début du 21ème siècle après JC et le monde globalisé de la fin de l'âge du bronze (3200 ans d'écart)... C'est qu'aujourd'hui... Les tablettes d'argile sur lesquelles on écrivait tout (y compris ce qui se passait au niveau de la vie quotidienne des gens) ont été remplacées par des documents texte image numérique, tout cela stocké dans des "data center" ou sur des supports informatiques ou espaces de stockage internet, sur des blogs, des sites, sur Facebook, sur Twitter... Enfin sur des supports qui sont dématérialisés... Et dont les futurs archéologues du 4 ème millénaire (s'il y en a encore) ne retrouveront rien, rien de rien... Tout aura disparu depuis longtemps, et notre civilisation avec...

     

    Mais cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas, au 4 ème millénaire, une autre civilisation dont on a pas idée, aujourd'hui, de ce qu'elle sera ni comment et quand elle aura commencé...