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guillotine

  • Robert Badinter

    Lorsque Robert Badinter lors du procès de Patrick Henry s’adressant à chacun des douze jurés, leur a dit « en condamnant Patrick Henry à la peine de mort, vous condamnez un être humain à être coupé en deux », c’est cette formulation « un être humain coupé en deux » qui a impressionné les jurés – dont parmi les douze, deux femmes… De telle sorte que Patrick Henry – comme on disait à l’époque - « a sauvé sa tête » - ou, plus exactement, c’ est Robert Badinter qui a « sauvé sa tête »…

    Depuis 1792 en France, et jusqu’en 1981, un homme ou une femme condamné(e) à la « peine capitale » (la peine de mort pour appeler un chat un chat) était exécuté par décapitation (guillotine à partir de 1792 et avant 1792 à coup de hache, tête posée sur un billot)…

    Si l’exécution en France s’était faite – avant et après 1792 – par pendaison, par étranglement (comme en Espagne avec le garrot), Robert Badinter n’aurait pas pu prononcer devant les jurés lors du procès de Patrick Henry, cette phrase « vous condamnez un être humain à être coupé en deux »…

    Sans doute – on peut le penser – un homme d’une telle dimension d’humanité et d’intelligence et de réflexion, que Robert Badinter, aurait trouvé alors, lors du procès de Patrick Henry, une autre formule ou une autre phrase en rapport avec le mode d’exécution en vigueur des condamnés à mort…

    C’est vrai qu’avec la guillotine, « un homme (ou une femme) coupé en deux » c’est vraiment cela…

    Est-ce qu’un être humain étranglé, vertèbres cervicales brisées net par une corde ou par un garrot ; ou criblé de douze balles de fusil dans la poitrine et dans la tête et dans le ventre… Ça serait « moins impressionnant » qu’un être humain coupé en deux – la tête d’un côté, le corps de l’autre (et avec le sang qui jaillit ) ?

     

    Dans le contexte de drames, de guerres, de conflits, d’enjeux, de violences, de déliquescence de la société, de nouvelles (ou d’intemporelles et donc inchangées) barbaries pratiquées au 21ème siècle « à grande échelle » pour ainsi dire dans les guerres actuelles… La conscience même, intime, profonde, personnelle – ou commune à un ensemble de personnes – de ce qu’est l’ampleur, de ce qu’est la portée des drames, des enjeux, des violences dans le monde d’aujourd’hui… N’est pas – loin s’en faut - « à la hauteur vertigineuse » de tous ces drames, enjeux, violences… L’a -t- elle jamais été d’ailleurs, dans l’Histoire ?

    Car c’est bien cette « conscience même, intime, profonde, aiguë, personnelle et ou commune à un ensemble de personnes » - où que ce soit dans le monde – et quelque que soient la culture, le mode de vie, les croyances d’un peuple – qui peut à elle seule, réduire sinon même faire disparaître l’intemporelle ou la nouvelle barbarie, et donner aux drames, aux enjeux, une dimension différente de ce qu’elle est (soit dans une dimension et dans un principe de relation entre les êtres et les choses, proche de ce que cela doit être à l’échelle de l’Univers – qui existe dans les « sociétés » animales et de forme de vie non humaine)…

    La barbarie, c’est uniquement, proprement ou salement humain… Chez tous les autres êtres vivants, à la place de la barbarie on pourrait dire « il y a que ça fait pas dans la dentelle » …