LE JOURNAL DE KAFKA, traduit et présenté par Marthe Robert. (Le livre de Poche, biblio, 674 pages)
Ce combat entre Kafka et le monde, avait quelque chose de paradoxal…
Poète, Kafka se sentait différent du commun des mortels et par conséquent contraint d’affirmer sa singularité. Ce qui rendait inévitable sa lutte avec le monde.
Cependant, Kafka avait en même temps une autre préoccupation, un autre regard que celui d’un écrivain sans complaisance à l’égard du monde : il a voulu aider le monde à se défendre, en particulier par ce besoin qu’il sentait, de surmonter sa révolte (et plus généralement celle de l’individu), et de trouver la route ouvrant le passage vers une communauté vivante, celle des hommes coexistant ensemble dans une tradition, une culture, une histoire…
Ce journal est, selon Marthe Robert, « le témoignage le plus poignant de toute l’histoire de la littérature ».
« Nous avons été chassés du paradis mais le paradis n’a pas été détruit pour cela »…
Ce « paradis » n’était-il pas cette Connaissance, ou mieux peut-être, cette « vérité » originelle, totalement pure, affranchie de ce « sens du monde » régi par les lois des hommes et les mécanismes inextricables des codes et des procédures ?
Retrouver ce « paradis », puisqu’il existe toujours, apparaît donc comme une nécessité… D’autant plus que la certitude de sa « redécouverte » s’ouvre dans une perspective encore plus belle et plus émouvante que celle qui, à l’origine, « n’en était qu’à la gestation de son commencement », oserais-je dire…
En fait, ce n’est pas le « dieu » des Chrétiens, ni celui des Musulmans ou un autre « dieu »… qui nous a chassés du « paradis » : c’est nous, les humains, qui avons en partie, perdu la Connaissance, et qui avons cru retrouver cette Connaissance par la Science, la Civilisation, la Technologie, les lois édictées par des monarques ou des parlements, les codes et procédures sans cesse remaniés et adaptés aux évolutions politiques et sociales… le plus souvent, hélas, au bénéfice d’une minorité « privilégiée » d’humains…
Mais cette Connaissance existait avant que l’humain ne fût, ici ou ailleurs…
…Le Journal de Kafka, 674 pages. Un casse tête aux dires de certains, à la seule idée que l’on peut se faire de ce que suggère à priori, la lecture des écrits et des romans de Kafka…
Mais quelle pureté de langage ! Quelle précision ! Quelle minutie dans les moindres détails ! Et surtout quelle écriture !