… La solitude d’un artiste, d’un créateur, d’un écrivain, est davantage celle qui lui vient quand il s’interroge sur le sens et sur la portée de son œuvre, que celle qui lui vient quand il n’est pas soutenu et compris par ses proches, ses amis, ses connaissances…
Ne pas être compris, ne pas être soutenu, par ses proches, par ses amis, par ses connaissances, lorsque ce que nous produisons et exposons ne suscite pas d’intérêt, est ignoré ou inconsidéré… C’est en effet, vécu au quotidien, toute une vie durant, inconfortable…
Mais il y a bien là, un défi, une difficulté à surmonter, rendant le travail de réalisation, de production, plus opiniâtre, plus déterminé, plus acharné ; un travail qui s’apparente par exemple à celui d’un homme préhistorique (un Solutréen ou un Magdalénien) qui, en milieu hostile et isolé qu’il est, de ses semblables, parvient à traduire par le dessin sur la paroi d’une caverne, ce qui, de l’animal représenté, témoigne au plus vrai de sa présence… Ce qu’il n’aurait peut-être pas pu accomplir, cet artiste préhistorique, entouré de compagnons l’encourageant, dans la chaleur d’un feu entretenu et dans la continuité d’une relation heureuse avec ses compagnons… (Il aurait alors dessiné le même animal, de traits plus précis, avec plus d’habilité… Mais avec moins de cette présence témoignante)…
Est-ce à dire pour autant, que, par le défi et par la difficulté à surmonter, dans la solitude, en milieu hostile, dans un environnement d’indifférence, et donc par le travail accompli dans la détermination et dans l’opiniâtreté… Puisse apparaître le sens et la portée d’une œuvre ?
Le sens et la portée d’une œuvre ne sont-ils pas liés à ce dont « s’approprie » une civilisation, un peuple, « qui vient de très loin dans l’Histoire » et qui s’inscrit dans un tableau de représentations symboliques, figuratives, entrant dans un patrimoine culturel intemporel, traverse les siècles et les millénaires, impacte nos pensées, nos modes de vie, de comportements, nos croyances, nos agissements ?
En ce sens d’appropriation par une civilisation, par un peuple, et de patrimoine culturel commun à entretenir et partager… Les temps que nous vivons aujourd’hui ne sont-ils pas des temps où il y a lieu d’ s’interroger, sur le sens et sur la portée de tout ce qui se produit et s’expose, en littérature, peinture, musique, architecture, cinéma, théâtre… Et surtout de tout ce que l’on voit défiler sur les écrans des ordinateurs, des tablettes et des smartphones, des appareils de télévision, et de tous ces livres par milliers, par millions, sur les rayonnages dans les centres commerciaux ? …