... Sur ARTE lundi 20 mai 2024 à 20h55, durée 170 minutes
… Le désaccord exprimé par Frantz, habitant d’ un village du Tyrol Autrichien, au régime Nazi du IIIème Reich Allemand, entre 1939 et 1943 le 9 août date de la mort de Frantz condamné par le Tribunal Militaire du IIIème Reich à Berlin, à être pendu, avec d’autres réfractaires…
Dans ce film, les longueurs et les silences (gros plan sur les visages, sur les postures, sur les regards) et les quelques mots prononcés par Frantz lorqu’il est interrogé… En disent bien plus long, chargés de sens qu’ils sont, plutôt que des explications ou que des réponses argumentées…
« Signez » (la rétractation) lui dit-on… Jusque devant le très haut gradé qui reçoit Frantz en audience, au Tribunal Militaire, juste avant la décision des jurés et « vous serez libre »…
Cette rétractation proposée n’est autre en fait – et de fait – qu’une allégeance faite au régime Nazi du IIIème Reich Allemand…
Et cela Frantz n’ en veut pas, ne peut s’y résoudre…
Au Tribunal, même, lors du procès, on lui dit « signez et pensez ce que vous voudrez » (sous entendu « vous demeurez libre de penser ce que vous voulez au fond de vous »)…
En effet, signer c’est officialiser (comme « inscrire sur le marbre bien réel bien authentique noir sur blanc) une allégeance qu’ au fond de soi l’ on réprouve… En se disant que c’est ce que l’on porte en soi de conviction intime, de pensée et de conscience, qui compte, et non pas ce que l’ on accepte de signer ou de déclarer devant témoins…
La conviction intime et profonde en soi de « quelquechose d’ injuste » implique une résistance « jusqu’au bout » et… N’est pas une « affaire de pur héroïsme ou de prouver au monde que l’on a raison contre ce qui prévaut selon un Ordre », c’ est une affaire d’ humanité que l’on porte en soi depuis son enfance, une affaire de refus de l’inacceptable ; c’ est l’ affaire de chacune de ces personnes – anonymes, inconnues, gens du commun – qui existent et ont existé dans l’ Histoire et dont les historiens, les documentalistes, les écoles, les universités, les écrivains de renom lus par des millions de gens… N’évoquent pas dans leurs œuvres, dans leurs récits, dans leurs enseignements…
Ces personnes de « vie cachée », de bonne volonté, de bienveillance sans complaisance, de conviction ancrée en elles, souvent humbles, jamais chefs ou meneurs de partis, jamais héros dans des actions déterminantes… Sont celles qui contribuent au mieux à l’ évolution des sociétés humaines à « très long terme »… « De toutes petites gouttes de mer dans les immensités océaniques , et pas forcément donc, les énormes murs de vagues qui déferlent jusqu’aux rivages…
Dans ce film, le rejet du comportement de Frantz, exprimé par les habitants de son village, l’opprobre, la stigmatisation dont il est l’objet lorsque contraint et ayant reçu sa feuille d’ affection dans l’armée, il doit rejoindre son poste et dans ses débuts dans l’armée ( entrainement, vie en caserne)… Tout cela est « de second plan » et en ce sens n’est pas l’essentiel de ce qu’il faut retenir…
Pour ma part j’ai toujours dit et je le dirai jusqu’à la fin de mes jours : ce qu’il faut retenir c’est ce qui est beau et qui grandit, honore, sans forcément s’imposer, se légiférer… Et que ce qui est mal, ce que l’on réprouve – et dont cependant on témoigne pour l’avoir observé- c’est pas ça qu’il faut retenir et mettre au devant de la scène (juste « se souvenir » - et dire ou écrire qu’on l’a vu et ressenti)…