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résistance

  • L'armée des ombres, de Jean Pierre Melville, 1969

    C’est avec une « immense émotion » que, pour la 4ème ou 5ème fois, j’ai revu le film « l’armée des ombres » avec Lino Ventura et Simone Signoret, sur France 5, vendredi 28 novembre 2025 à 21h 05… Durée 2h 20…

    Et quand je dis « avec une immense émotion », l’émotion en fait, se situe bien au-delà de ce que l’on entend par « émotion » dans le contexte d’actualité d’aujourd’hui – de ce que ressentent les gens en général- (par exemple pour des histoires « sensibles, émouvantes, dramatiques « à sortir les mouchoirs »)…

    Avec et dans ce film, en effet « nous ne sommes plus dans la dimension commune de l’émotion »…

     

    Il y a dans ce film, tout ce à quoi toute ma vie durant depuis mon enfance, j’ai toujours été très attaché et à quoi j’ai toujours cru très fort, qui en quelque sorte fonde ma « culture des valeurs humaines, ma pensée, l’ensemble et la « toile de fond » de mes réflexions, de mes interrogations »… Et cela, ce dont je suis imprégné depuis mon enfance, c’est à mes parents que je le dois, qui tous deux, ma mère et mon père ont vécu leur jeunesse durant les années tragiques de l’Occupation, ma mère avait 20 ans en 1944 et mon père 19…

     

    Deux scènes – à mon sens « mythiques » - de ce film :

     

    -Celle où l’on voit Gerbier (Lino Ventura) le personnage principal dans le film, à la fois « médusé et empli de réflexion interrogative, le regard grave »… À la vue de militaires femmes et hommes dansant sur un air de jazz dans un local, au moment où des bombes tombent sur Londres… La musique et la danse n’étant point interrompues pour autant, ni les jeux de jambe de jeunes femmes chic, toutes en tenue militaire…

     

    -Celle où l’on voit Gerbier, parachuté, réfugié chez un aristocrate dans son château, lequel aristocrate se déclarant Royaliste, affirmant qu’il se rendrait « à cheval » prendre d’assaut la sous préfecture du coin en cas d’insurrection royaliste … Mais qui néanmoins, prête généreusement son terrain pour l’atterissage des avions anglais et apporte une aide précieuse aux résistants (dont certains sont des communistes et tous des républicains) , l’aristocrate sera d’ailleurs pris et fusillé par les Allemands…

     

    Lorsqu’il m’arrive de me rendre dans un cimetière – celui où j’ai les miens mais aussi ceux où je n’ai pas les miens – (toutes les tombes sont des « livres de pierre » - ou parfois de silmple terre- qui « racontent » la vie de la personne disparue parce que, inévitablement dans mon esprit se « reconstitue comme une histoire »)… Selon les noms et les dates indiquées, ce sont des personnes – celles nées au début du 20ème siècle, qui aujourd’hui mortes depuis déjà des années- ont peut-être été certaines, en 1940 et jusqu’en 1944, pétainistes, anti résistants, antisémites, et même ont fait partie de la milice de Pierre Laval et je me dis « ça c’était la France de l’époque », la France sous l’Occupation Allemande, la France des combats de la Résistance, des camps d’internement, des dénonciations, des exations, des violences, des tueries, des tortures infligées à ceux et à celles qui étaient pris, mais aussi des hypocrisies, des compromissions, des lâchetés les plus crasses ou au contraire des courages les plus héroïques…

     

    Et je me dis aussi, que des gens aujourd’hui encore vivants, âgés de 98 à 102 ans, en EHPAD ou chez eux, sont les derniers témoins les uns, et peut-être d’autres, d’anciens miliciens, d’anciens dénonciateurs, d’anciens pétainistes convainus et collaborateurs…

    Alors, moi qui suis anti haine pourtant, il me vient à l’évocation de ces gens qui ont vécu à cette époque et ont été des salauds, « quelque chose qui ressemble à la haine »… Mais en réfléchissant je me dis aussi qu’il est absurde de haïr des gens aujourd’hui âgés de près de cent ans, personnes très diminuées en EHPAD, et tout aussi absurde de haïr des gens morts depuis tant d’années déjà…

    La haine est « quelque chose d’absurde » qui néanmoins parfois peut un moment et dans telle ou telle situation nous submerger…

     

    L’armée des ombres, est, avec l’insoutenable légèreté de l’être, au cinéma, l’un et l’autre de ces deux films, qui m’ont le plus marqué dans ma vie…

    Et pour les livres ce sont le premier homme d’Albert Camus et la maison vide de Laurent Mauvignier…

     

     

  • Ukraine, Russie

    La situation de l’Ukraine en guerre de résistance contre la Russie, au bout de bientôt 3 ans et demi de combats, avec à ce jour quelque 400 000 tués ou blessés (l’Ukraine avait en 2023, 37,73 millions d’habitants et en avait, avant la guerre 52 millions)…

    Est comparable, sans l’aide américaine et avec tout juste l’appui – en matériel – de pays de l’UE – principalement la France, l’Angleterre et la Pologne (et l’Allemagne) à la situation de résistance et de combats menés en France et dans l’Europe occupée en 1944 par des forces et des groupes armés internes, de chaque pays occupés par les Allemands et sans l’aide des Alliés US, Anglais et autres…

     

    L’on peut en effet imaginer ce qu’aurait été une guerre de résistance menée par les seuls combattants contre les nazis, sans les Alliés, dans les années 1943 et 1944…

    Sans nul doute il y avait eu, en 1944, en France, en Belgique, aux Pays Bas, et dans toute l’Europe occupée, tout comme en Ukraine en 2025, une détermination, une force d’oppostion, une résistance organisée, et de nombreuses actions menées, efficaces, contre l’occupant Allemand…

    Mais, sans les Alliés qui ont débarqué en Normandie et en Provence, sans l’apport aussi de l’aviation, de la marine, de l’infanterie, du matériel de guerre et des actions, des combats menés par les forces alliées… La France, et les pays occupés par les nazis, n’auraient jamais pu être libérés en 1944 et en 1945…

    Le combats – acharnés- et, aussi efficaces eûssent-ils été, des forces de résistance, auraient duré bien plus longtemps, et la victoire était loin d’être assurée, elle demeurait même hypothétique, incertaine… Pour ne pas dire « peut-être impossible »…

     

    Cependant, de nos jours dans la situation où se trouve l’Ukraine – très difficile c’est évident- sans l’aide américaine, notamment sans moyens de défendre son espace aérien et de protéger ses villes, ses habitants, ses infrasctructures ; « pourrait à mon sens, être un peu moins difficile que ne l’était la situation de résistance des pays occupés en 1944 sans l’aide des Alliés  »… Du fait – indéniable il faut le dire – de la situation économique dans laquelle se trouve la Russie de Poutine en 2025, économie de guerre où les dépenses en armement et en matériel pèsent lourd dans le budget (l’on peut en dire autant pour l’Ukraine)…

     

    Certes les réserves en potentiel de production d’armement sont encore importantes en Russie, mais sur le long terme, c’est à voir… Ainsi que la capacité du gouvernement de Poutine à pouvoir recruter, à pouvoir aussi remplacer les milliers de soldats qui chaque jour sont tués ou blessés au front – dont certains d’ailleurs, sont démotivés, sommairement entraînés, mal équipés…

    Tandis que l’ Ukraine pendant trois ans jusqu’en février 2025, a reçu l’aide américaine en matériel de guerre et équipements militaires, dont il reste encore une partie – utilisable- de ce qui lui a été livré et continue à servir…

     

    Les recettes en Russie, du fait de la diminution des exportations de produits énergétiques (et de bien d’autres encore), sont en nette baisse alors que croissent les dépenses militaires, de telle sorte que la Russie Poutinienne se porte inexorablement et rapidement vers un « mur financier » tout comme une locomotive lancée à pleine vapeur vers un bloc de béton.

     

    La Russie n’a alors devant elle que deux options possibles : soit arrêter la guerre, soit faire fonctionner la planche à billets (ce qui contribuerait à la destruction de son économie)…

    Ce n’était pas le cas de l’Allemagne Hitlérienne de 1944 qui disposait alors de ressources puisées en grande partie dans les pays occupés et asservis…

     

     

  • Une vie cachée, film de Terrence Malick, sorti en 2019

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    ... Sur ARTE lundi 20 mai 2024 à 20h55, durée 170 minutes 

     

    Le désaccord exprimé par Frantz, habitant d’ un village du Tyrol Autrichien, au régime Nazi du IIIème Reich Allemand, entre 1939 et 1943 le 9 août date de la mort de Frantz condamné par le Tribunal Militaire du IIIème Reich à Berlin, à être pendu, avec d’autres réfractaires…

    Dans ce film, les longueurs et les silences (gros plan sur les visages, sur les postures, sur les regards) et les quelques mots prononcés par Frantz lorqu’il est interrogé… En disent bien plus long, chargés de sens qu’ils sont, plutôt que des explications ou que des réponses argumentées…

     

    « Signez » (la rétractation) lui dit-on… Jusque devant le très haut gradé qui reçoit Frantz en audience, au Tribunal Militaire, juste avant la décision des jurés et « vous serez libre »…

    Cette rétractation proposée n’est autre en fait – et de fait – qu’une allégeance faite au régime Nazi du IIIème Reich Allemand…

    Et cela Frantz n’ en veut pas, ne peut s’y résoudre…

    Au Tribunal, même, lors du procès, on lui dit « signez et pensez ce que vous voudrez » (sous entendu « vous demeurez libre de penser ce que vous voulez au fond de vous »)…

    En effet, signer c’est officialiser (comme « inscrire sur le marbre bien réel bien authentique noir sur blanc) une allégeance qu’ au fond de soi l’ on réprouve… En se disant que c’est ce que l’on porte en soi de conviction intime, de pensée et de conscience, qui compte, et non pas ce que l’ on accepte de signer ou de déclarer devant témoins…

     

    La conviction intime et profonde en soi de « quelquechose d’ injuste » implique une résistance « jusqu’au bout » et… N’est pas une « affaire de pur héroïsme ou de prouver au monde que l’on a raison contre ce qui prévaut selon un Ordre », c’ est une  affaire d’ humanité que l’on porte en soi depuis son enfance, une affaire de refus de l’inacceptable ; c’ est l’ affaire de chacune de ces personnes – anonymes, inconnues, gens du commun – qui existent et ont existé dans l’ Histoire et dont les historiens, les documentalistes, les écoles, les universités, les écrivains de renom lus par des millions de gens… N’évoquent pas dans leurs œuvres, dans leurs récits, dans leurs enseignements…

     

    Ces personnes de « vie cachée », de bonne volonté, de bienveillance sans complaisance, de conviction ancrée en elles, souvent humbles, jamais chefs ou meneurs de partis, jamais héros dans des actions déterminantes… Sont celles qui contribuent au mieux à l’ évolution des sociétés humaines à « très long terme »… « De toutes petites gouttes de mer dans les immensités océaniques , et pas forcément donc, les énormes murs de vagues qui déferlent jusqu’aux rivages…

     

    Dans ce film, le rejet du comportement de Frantz, exprimé par les habitants de son village, l’opprobre, la stigmatisation dont il est l’objet lorsque contraint et ayant reçu sa feuille d’ affection dans l’armée, il doit rejoindre son poste et dans ses débuts dans l’armée ( entrainement, vie en caserne)… Tout cela est « de second plan » et en ce sens n’est pas l’essentiel de ce qu’il faut retenir…

    Pour ma part j’ai toujours dit et je le dirai jusqu’à la fin de mes jours : ce qu’il faut retenir c’est ce qui est beau et qui grandit, honore, sans forcément s’imposer, se légiférer… Et que ce qui est mal, ce que l’on réprouve – et dont cependant on témoigne pour l’avoir observé- c’est pas ça qu’il faut retenir et mettre au devant de la scène (juste « se souvenir » - et dire ou écrire qu’on l’a vu et ressenti)…