… Depuis les années 1980 et ensuite au-delà des années 1990 et 2000 dans un accroissement exponentiel, nous voyons se développer, partout dans le monde, dans quasiment tous les milieux sociaux y compris les moins favorisés d’entre eux ; une dynamique qui s’articule et s’organise sur une culture de la satisfaction personnelle, individualiste, consumériste, avec l’apparition chez les jeunes enfants, de plus en plus tôt en âge – jusqu’aux bébés- de « besoins formatés » par le marqueting, la publicité ; dans une culture éducative ( des écoles, des collèges, des lycées, des universités, des enseignants, des intervenants dans les activités sportives et autres qui encadrent la jeunesse) qui privilégie le développement personnel, plus que la transmission des savoirs…
Dans une société devenant de plus en plus inégalitaire – dans la réalité même de ce que deviennent et de comment se creusent ces inégalités – et, tout à fait paradoxalement dans cette même société très inégale où cependant « prennent le pas » des « idéologies égalitaristes fortement mâtinées de progressisme sociétal » qui prétendent « niveler » les inégalités plutôt il faut dire, par le bas que par le haut ; il en résulte que de nombreux jeunes – enfants et adolescents- perdent leurs repères, ainsi éduqués depuis « après mai 1968 », et, « ne se sentant pas bien dans leur peau – et dans leur tête- » dans cette société devenue ce qu’elle est ; par réaction pour bon nombre d’entre eux, versent dans la violence…
Comment parvenir à un équilibre – ou en une gestion au mieux, en soi – entre d’une part tout ce qui nous met en colère, nous horrifie, que l’on dénonce parfois dans une violence extrême, qui nous fanatise jusqu’à vouloir son élimination à tout prix, nous rend dépendants de l’opinion majoritaire, conditionne nos comportements dans le sens de ce qui est commun, qui ne tient compte que des apparences… Et d’autre part ce qui « intérieurement » nous éclaire et nous porte à nous questionner, à nous libérer de cette violence et de cette dureté en nous, fondées sur ce que nous ressentons et dont nous sommes dépendants ?
Parvenir à cet équilibre là, est-ce une gageure ?
Lorsque l’on voit par exemple, autour de soi, dans les hôpitaux, en visite d’un ami ou d’un proche hospitalisé, ou lors d’une consultation externe, poussées sur des fauteuils roulants des personnes lourdement handicapées, l’on est alors bouleversé d’apercevoir ainsi diminuées, réduites à l’immobilité, ces personnes dans l’état où elles se trouvent (c’est ce que je ressens moi-même à la vue de ces personnes)…
En face, à la vue, d’une personne handicapée, diminuée physiquement, et entourée d’appareils médicaux, en milieu hospitalier… Une réflexion sur le sens de la vie, sur le sens de nos comportements, sur la nature et sur la justification oui ou non de nos besoins – et lesquels de ces besoins…, sur le sens de la relation humaine, sur ce qui est essentiel et sur ce qui ne l’est pas, sur ce qui est peut être l’œuvre de notre vie, sur ce qui concerne nos aspirations, nos projets, sur tout ce qui fait notre « intériorité », sur tout ce dont nous dépendons « par la force des choses » ou mû par notre volonté propre… Ne nous vient-elle pas alors ?