… L’altérité en tant que prise de conscience et de reconnaissance de ce qui est extérieur à soi, de ce qu’il y a de différent en l’autre du fait de son ethnie, de ses origines, de ses traditions ancestrales, de sa religion, de sa culture, de la société dont il fait partie dans son environnement local, régional et du pays où il vit… Se trouve en partie voire parfois complètement déformée – autant dans le monde dit occidental que dans le monde des pays non occidentaux – par des visions partielles dépendantes de diverses « tonalités » telles qu’exotique, que poétique, que politique dans le discours, que juridique, qu’historique voire philosophique… Tout cela faisant exister et se pérenniser en s’ancrant dans les esprits, dans la pensée du plus grand nombre de gens, des images « mythiques » peut-on dire, des images qui persistent dans un imaginaire de chacun, entretenu par les médias et par les opinions publiques dominantes, depuis le début des civilisations ( antiquité Égyptienne, Grecque et Romaine ; ou précolombienne en Amérique ou encore de la Chine et de l’Asie orientale ancienne)…
Cependant l’on peut constater – après étude approfondie – que, dans le monde occidental issu de l’antiquité Gréco-romaine, la déformation plus ou moins partielle de l’altérité, s’est manifestée de manière moins évidente, du temps de la civilisation hellénistique (grecque) ancienne du VIII au IV ème siècle AV-JC… Où le terme de « barbare » notamment, ne correspondait pas aux acceptions habituelles depuis l’antiquité romaine suivie du Moyen Age puis des temps modernes jusqu’à nos jours ; « barbaros » pour le Grec du temps d’Aristote, signifiant étranger parlant dans une autre langue ; et non pas sauvage, cruel, inculte…
Cette déformation amoindrie de l’altérité chez les Grecs du temps d’Aristote est une exception dans le monde méditerranéen et moyen-oriental ancien, et qui a permis le développement d’une disposition d’esprit et de pensée que l’on ne retrouve nulle part ailleurs avant le début de l’histoire romaine… Et qui s’est perdue par la suite, dès le Moyen Age et à plus forte raison de nos jours…
Dans le monde désuni de conflits, de guerres, de violences, de concurrence exacerbée, de crispations, d’autoritarismes accrus, d’individualismes renforcés, qui est le monde présent au 21ème siècle ; l’altérité mise hypocritement en avant est une « façade » qui dissimule très mal la déformation de cette altérité, laquelle déformation devient de plus en plus dépendante des « mythes » entretenus par les puissances médiatiques, par l’internet et les réseaux sociaux et les opinions dominantes…
Ainsi la « conscience et la reconnaissance de l’existence de l’Autre – et des Autres » tend-elle à disparaître, remplacée par une conscience aiguë, affichée, justifiée, imposée… De l’existence et de la présence de soi ( le « s’exister » qui « désexiste » l’autre en lui faisant croire qu’il « l’existe » )…