L’écriture, dit Louis Ferdinand Céline dans « Voyage au bout de la nuit »…
« …L’écriture est la source de mes emmerdes. Depuis le Voyage… que les emmerdes s’accumulent, mesquineries, jalousies, embrouilles… Alors ne venez pas me causer de thérapie et de guérison de la nature humaine par l’écriture, je laisse ça aux autres, les spécialistes de la mou mouche.. C’est malsain l’écriture quand tu ne fais pas partie de la confrérie, ça active les haines »…
… L’écriture, de par toute la confrérie…des invités de plateaux-télés, des best-sellers, des journaux, des premiers romans à succès, des raconteurs, des posteurs, des tweeteurs, des producteurs de storys, des auteurs à la mode, par milliers de milliers de bouquins qui finissent pour beaucoup d’entre eux dans les vide-greniers, les centres Emaüs et du Secours Populaire ou dans les boîtes à livres… Ou dans les oubliettes de la Toile pour tout ce qui se poste, se tweete et se storie… Ne fait jamais de thérapie bien au contraire…
S’il y a des mots qui se posent tels des lèvres sur des cicatrices, ces mots n’ont d’autre pouvoir que celui, imaginé par l’auteur de ces mots… qui les voient, ces mots, ces jolis mots, ces mots de poète et de grands amoureux, si porteurs d’espérance, si empreints de foi de charbonnier, capables de guérir tous les maux, d’effacer les cicatrices… ces mots qui ne rendent pas meilleurs les gens, ses proches ni d’ailleurs soi-même… ces mots qui voisinent avec d’autres mots, des mots qui pètent, des mots qui escagassent, des mots qui iconoclastent, des mots qui se moquent, des mots qui incendient, des mots qui puent…et des mots recadrés, des mots fliqués, des mots asceptisés... et d’autres mots encore, qui sont vains, inutiles, de trop, ou qui font de l’effet, sont supercherie, tromperie, esbrouffe et de surcroît mal orthographiés, mal grammairés, déviés de leur sens, galvaudés, pervertis, assenés, tagués sur les murs, likés relayés sur la Toile… ces mots qui comme ceux des poètes et des grands amoureux, si jolis si empreints de foi de charbonnier… Ne sont pas prêts à sauver le monde ni les gens, juste bons à entretenir de l’espérance et à susciter de ci de là, de l’émerveillement… Mais l’émerveillement se décolore au fil de la vie qui passe, de la vie qui mord, de la vie où s’enfuient les jours heureux dans le souvenir…
L’écriture quand tu ne fais pas partie de la confrérie, ça t’isole, ça fait de toi un ovni, et, quand ça n’active pas les haines, quand ça fait pas des jalousies, quand ça te cloue pas au pilori… ça te refuse le tiquet d’entrée, ça fait de la zappe…
L’écriture ? Son meilleur côté, peut-être ?
C’est quand elle transmet… de la connaissance des choses et des êtres, qu’elle témoigne sans arranger sans mentir sans pervertir, quelle soit oui ou non, de la confrérie…