compteur

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 5

  • Gustave Flaubert, vu par Guy de Maupassant dans ses chroniques, en 1876

    Voici le texte intégral de la première chronique de Guy de Maupassant, du 22 octobre 1876 « Gustave Flaubert » …

    Gustave Flaubert, écrivain Français né à Rouen le 12 décembre 1821 et mort à Croisset – commune de Canteleu, en Seine Maritime – le 8 mai 1880…

     

    M’adressant tout particulièrement à celles et ceux d’entre vous qui conçoivent, acceptent, et donc, prennent le temps de lire (Ce qui, soit dit en passant, n’est guère très courant ni d’actualité sur la Toile et dans les réseaux sociaux)… Prennent le temps de lire mais aussi et surtout sont des personnes « aimant la littérature (et la langue française) » … Je dis que ce texte de Guy de Maupassant, écrit en 1876, est de nos jours encore, « tout à fait d’actualité » dans la mesure où il est le reflet de ce que « devrait être » - intemporellement – (c’est à dire de toutes les époques) un écrivain, en fait de toute l’œuvre d’un écrivain)…

     

    En un seul mot pour résumer : si un écrivain est en même temps un artiste, alors oui, c’est un écrivain… Quoique cela ne signifie point pour autant qu’un écrivain « bon artisan de l’écriture plutôt qu’artiste de l’écriture » ne soit pas, tout de même et heureusement pour un large public, un écrivain auteur d’ouvrages, de livres publiés… Parce qu’un bon artisan en toute chose autre que l’écriture (je pense à un ébéniste, à un orfèvre par exemple) mérite reconnaissance de la qualité de sa facture ou de sa « patte » personnelle… (Seulement il faut à mon sens, bien différencier – en littérature - « artisan de l’écriture » et « écrivain – artiste de l’écriture » …

     

     

    « De temps en temps, parmi les écrivains qui laisseront leur nom à la postérité, il s’en trouve qui se font une place spéciale par la perfection et par la rareté de leurs œuvres. D’autres, à côté, produisent abondamment mêlant le rare au banal, les choses trouvées aux choses communes, et forçant le critique et le lecteur à un travail considérable pour démêler ce qui doit rester de ce qui doit disparaître. Mais eux, par un enfantement laborieux et patient, produisent une œuvre absolue, parfaite dans l’ensemble et dans les détails. Et si tous les ouvrages de ces auteurs n’obtiennent pas auprès du public un succès absolument égal, il y a toujours au moins un de leurs livres qui reste dans l’histoire des Lettres avec l’étiquette de chef-d’œuvre, comme ces tableaux des grands maîtres qu’on place au Louvre dans le salon carré.



    M. Gustave Flaubert n’a encore produit que quatre livres et tous resteront. Il se peut qu’un seul soit qualifié de chef-d’œuvre, et cependant les autres ne l’auront certes pas moins mérité que celui-là.



    Tout le monde a lu Mme Bovary, Salammbô, l’Éducation sentimentale et la Tentation de saint Antoine ; tous les journaux ont fait si souvent l’analyse de ces ouvrages que je n’ai point l’intention de la recommencer. Je veux parler d’une manière générale de l’œuvre de M. Flaubert, et y chercher des choses que tout le public n’y a peut-être pas vues jusqu’à présent.



    Les gens qui jugent tout sans rien savoir, et qui s’empressent, aussitôt que vient de paraître un livre d’un genre nouveau et inconnu, d’y attacher, comme une pancarte, la bêtise de leur jugement qu’ils croient être éternel, ont proclamé bien haut, à l’apparition de Mme Bovary, que M. Flaubert était un réaliste, ce qui dans leur esprit, signifiait matérialiste.



    Depuis il a publié Salammbô, un poème antique, et Saint Antoine, une quintessence des philosophies ; cela ne fait rien ; des journalistes compétents l’avaient baptisé matérialiste, et matérialiste il est resté pour les cerveaux rudimentaires des gens bien pensants.



    Ce n’est point ici la place de faire l’histoire du roman moderne et d’expliquer toutes les causes de l’émotion profonde soulevée par l’apparition du premier livre de M. Flaubert. Il me suffira de faire ressortir la plus importante.



    Depuis l’origine des temps, le public français buvait avec délices l’onctueux sirop des romans invraisemblables. Il aimait les héros et les héroïnes et les choses qu’on ne voit jamais dans la vie, pour l’unique raison qu’elles sont irréalisables. On appelait les auteurs de ces livres des idéalistes, simplement parce qu’ils se tenaient toujours à des distances incommensurables des choses possibles, réelles, matérielles. — Quant à des idées, ils en avaient peut-être encore moins que leurs lecteurs. Balzac est venu, et c’est à peine si on y a fait attention dans le commencement. — C’était pourtant un innovateur étrangement puissant et fertile et un des maîtres de l’avenir, écrivain imparfait, sans doute, gêné par la phrase mais inventeur de personnages immortels qu’il faisait mouvoir comme dans un grossissement d’optique, les rendant par cela même plus frappants et en quelque sorte plus vrais que la réalité ! — Madame Bovary paraît, et voilà tout le monde bouleversé. — Pourquoi ? Parce que M. Flaubert est un idéaliste, mais aussi et surtout un artiste, et que son livre était cependant un livre vrai ; parce que le lecteur, sans s’en rendre compte, sans savoir, sans comprendre, a subi la toute-puissante influence du style, l’illumination de l’art qui éclaire toutes les pages de ce livre.



    En effet, la première qualité de M. Flaubert, qui pour moi éclate aux yeux dès qu’on ouvre un de ses ouvrages, c’est la forme ; cette chose si rare chez les écrivains et si inaperçue du public ; je dis inaperçue, mais sa force irrésistible domine et pénètre ceux qui y croient le moins, comme la chaleur du soleil échauffe un aveugle qui n’en voit cependant point la lumière.



    Le public entend généralement par « forme » une certaine sonorité des mots disposés en périodes arrondies, avec des débuts de phrases imposants et des chutes mélodieuses. Aussi ne s’est-il presque jamais douté de l’art immense enfermé dans les livres de M. Flaubert.



    Chez lui, la forme c’est l’œuvre elle-même : elle est comme une suite de moules différents qui donnent des contours à l’idée, cette matière dont sont pétris les livres. Elle lui fournit la grâce, la force, la grandeur, toutes ces qualités, qui, pour ainsi dire, dissimulées dans la pensée même, n’apparaissent que par le secours de l’expression. Variable à l’infini comme les sensations, les impressions et les sentiments divers, elle se colle sur eux, inséparable. Elle se plie à toutes leurs manifestations, leur apportant le mot toujours juste et unique, la mesure, le rhythme particulier pour chaque circonstance, pour chaque effet, et crée par cette indissoluble union ce que les littérateurs appellent le style, fort différent de celui qu’on admire officiellement.



    En effet, en appelle généralement style une forme particulière de phrase propre à chaque écrivain, ainsi qu’un moule uniforme dans lequel il coule toutes les choses qu’il veut exprimer. De cette façon, il y a le style de Pierre, le style de Paul et le style de Jacques.



    Flaubert n’a point son style, mail il a le style ; c’est-à-dire que les expressions et la composition qu’il emploie pour formuler une pensée quelconque sont toujours celles qui conviennent absolument à cette pensée, son tempérament se manifestant par la justesse et non par la singularité du mot.




    « Hors le style, point de livre, » telle pourrait être sa devise. Il pense, en effet, que la première préoccupation d’un artiste doit être de faire beau ; car, la beauté étant une vérité par elle-même, ce qui est beau est toujours vrai tandis que ce qui est vrai peut n’être pas toujours beau. Et par beau je n’entends point le beau moral, les nobles sentiments, mais le beau plastique, le seul que connaissent les artistes. Une chose très laide et répugnante peut, grâce à son interprète, revêtir une beauté indépendante d’elle-même, tandis que la pensée la plus vraie et la plus belle disparaît fatalement dans les laideurs d’une phrase mal faite. Il faut ajouter qu’une partie du public hait jusqu’au mot « forme », comme on hait toujours ce qu’on est incapable de comprendre.



    Donc M. Flaubert est avant tout un artiste ; c’est-à-dire : un auteur impersonnel. Je défierais qui que ce fût, après avoir lu tous ses ouvrages, de deviner ce qu’il est dans la vie privée, ce qu’il pense et ce qu’il dit dans ses conversations de chaque jour. On sait ce que devait penser Dickens, ce que devait penser Balzac. Ils apparaissent à tout moment dans leurs livres ; mais vous figurez-vous ce qu’était La Bruyère, ce que pouvait dire le grand Cervantes ? Flaubert n’a jamais écrit les mots jemoi. Il ne vient jamais causer avec le public au milieu d’un livre, ou le saluer à la fin, comme un acteur sur la scène, et il ne fait point de préfaces. Il est le montreur de marionnettes humaines qui doivent parler par sa bouche, tandis qu’il ne s’accorde point le droit de penser par la leur ; et il ne faut pas qu’on aperçoive Les ficelles ou qu’on reconnaisse la voix.



    Fils d’Apulée, fils de Rabelais, fils de La Bruyère, fils de Cervantes, frère de Gautier, il a bien moins de parenté avec Balzac, quoi qu’on en ait dit, et encore moins avec le philosophe Stendhal.



    Flaubert est l’écrivain de l’art difficile, simple et compliqué en même temps : compliqué par la composition savante, travaillée, qui donne à ses œuvres un caractère frappant d’immutabilité ; simple dans l’apparence, tellement simple et naturel qu’un bourgeois, avec l’idée qu’il se fait du style, ne pourra jamais s’écrier en le lisant : « Voilà, ma foi, des phrases bien tournées. »



    Il devine juste comme Balzac, il voit juste comme Stendhal et comme bien d’autres ; mais il rend plus juste qu’eux, mieux et plus simplement ; malgré les prétentions de Stendhal à une simplicité qui n’est en somme que de la sécheresse, et malgré les efforts de Balzac pour bien écrire, efforts qui aboutissent trop souvent à ce débordement d’images fausses, de périphrases inutiles, de relatifs, de « qui », de « que », à cet empêtrement d’un homme qui, ayant cent fois plus de matériaux qu’il n’en faut pour construire une maison, emploie tout parce qu’il ne sait pas choisir, et crée néanmoins une œuvre immense, mais moins belle et moins durable que s’il avait été plus architecte et moins maçon ; plus artiste et moins personnel.



    L’immense différence qu’il y a entre eux est là en effet tout entière : c’est que Flaubert est un grand artiste et que la plupart des autres n’en sont point. Il est impassible au-dessus des passions qu’il agite. Au lieu de rester au milieu des foules, il s’isole dans une tour pour considérer ce qui se passe sur la terre, et, n’ayant plus la vue bornée par les têtes des hommes, il saisit mieux les ensembles, il a des proportions plus définies, un plan plus ferme, des horizons plus développés.



    Lui aussi il construit sa maison, mais il sait les matériaux qu’il doit employer, et il rejette les autres sans hésitations. Aussi son œuvre est-elle absolue, et on n’en pourrait enlever une parcelle sans détruire l’harmonie totale ; tandis qu’on peut couper dans Balzac, couper dans Stendhal, couper dans tant d’autres, et bien fin qui s’en apercevrait.




    Il ne pense pas, comme quelques-uns, que l’intelligence et l’inspiration, que le hasard et le tempérament suffisent pour faire un livre, que le renseignement soit inutile et la longue recherche méprisable, car il est de la race ancienne des gens qui savaient beaucoup. Au lieu d’ignorer que le monde existait avant 93, et qu’on savait écrire avant 1830, il a médité comme Pantagruel sur tous les docteurs d’autrefois. Il connaît l’histoire mieux qu’un professeur, parce qu’il l’a apprise dans beaucoup de livres où ils ne vont point la chercher ; et il a étudié pour ses ouvrages la plupart des sciences, seulement accessibles aux spécialistes. Mieux que les vieux savants courbés, il sait les généalogies des villes mortes et des peuples disparus, avec leurs coutumes, leurs mœurs, les étoffes dont ils se couvraient et les mets bizarres qu’ils mangeaient de préférence. Il possède le Talmud comme un rabbin ; les Évangiles comme un prêtre ; la Bible comme un protestant ; le Coran comme un derviche. Il sait l’enchaînement des croyances, des philosophies, des religions et des hérésies. Il a fouillé toutes les littératures, prenant des notes dans beaucoup de livres inconnus, les uns parce qu’ils sont rares, les autres parce qu’on ne les lit point. Il connaît les écrivains de génie presque ignorés que produisirent les décadences des peuples, les commentateurs et les bibliographes, les libres profanes comme les livres sacrés, les vies des saints, les pères de l’Église et les auteurs que les hommes pudiques n’osent pas nommer. Il a rassemblé pour nous les communiquer, dans quelque jour d’indignation et de colère, un volume entier fait avec les fautes des écrivains sans style, les barbarismes des grammairiens, les erreurs des faux savants, toutes les vanités et tous les ridicules qui passèrent inaperçus et dont il soufflettera le monde.



    Les journalistes ne connaissent pas sa figure.

    Il trouve que c’est assez de livrer ses écrits au public et il a toujours tenu sa personne bien loin des popularités, dédaignant la publicité bruyante des feuilles répandues, les réclames officieuses et les exhibitions de photographies aux vitrines des marchands de tabac, à côté d’un criminel fameux, d’un prince quelconque et d’une fille célèbre.



    Il n’est guère accessible qu’à un petit nombre d’amis, hommes de lettres, dont il est aimé comme on ne l’est jamais d’un confrère et comme on l’est rarement d’un parent, car il soulève autour de lui les affections profondes. Mais comme il ne livre pas sa personne aux curiosités des foules, avides de regarder aux vitres des hommes connus comme à la cage d’un animal curieux, des légendes circulent autour de sa maison, et il se peut que, chez quelques-uns de ses concitoyens, on l’accuse sérieusement d’avoir mangé du bourgeois, ce qui serait dam tous les cas aussi vrai que le fameux dîner de charcuterie, chez Sainte-Beuve, un vendredi saint, dîner qui, sous la plume de journalistes bien informés, mais surtout bien inspirés, a fini par devenir une intolérable « scie ».



    Enfin, pour contenter les gens qui veulent toujours avoir des détails particuliers, je leur dirai qu’il boit, mange et fume absolument comme eux : qu’il est de haute taille, et que, lorsqu’il se promène avec son grand ami Yvan Tourgueneff, ils ont l’air d’une paire de géants. »





  • Jane Birkin

    Jane Birkin.jpg

    Jane Birkin née le 14 décembre 1946, décédée le dimanche 16 juillet 2023…

     

    Serge Gainsbourg, Jane Birkin et Françoise Hardy sont pour moi des mythes inégalés, quoiqu'il en existe d'autres qui sont aussi des mythes tels Léo Férré, Jacques Brel et Georges Brassens, Jean Ferrat...

     

    De ces personnages mythiques, ne reste encore en vie, que Françoise Hardy, née le 17 janvier 1944 (elle atteindra les 80 ans en 2024)...

     

    Dans ma jeunesse (fin adolescence et début de ma vie d'adulte) je peux dire que Jane Birkin et Françoise Hardy étaient mes "idéaux féminins" - de très loin par rapport à d'autres femmes de l'époque... "Les dessous chic" (Jane Birkin) et "L'amité" (Françoise Hardy)... Entre autres "chansons mythiques" - pour moi... À l'âge de 22 ans, en 1970/1971, quand je cohabitais avec 2 copains au 62 boulevard de Bercy à Paris 12ème (un appartement en rez de chaussée , de 3 pièces, dans un immeuble de 6 étages) "à longueur de journée et parfois de nuit", nous écoutions des disques (tous les disques) de Françoise Hardy, ainsi que des 33 tours de chansons de Jane Birkin... "À fond la caisse" ! ... Quoi que, dois-je dire, que pour les chansons de Jane Birkin, c’était plutôt moi qui les écoutais…

     

    « L’on a dit » (des critiques) à l’époque – et d’ailleurs jusqu’à « il n’y a pas si longtemps » - que Jane Birkin, et que Françoise Hardy « n’avaient pas de voix », et que leurs chansons, de l’une comme de l’autre, ont été écrites (le texte) par des paroliers qui furent en même temps pour certains d’entre eux, des compositeurs (pour la musique)… L’on a aussi dit à peu près la même chose au sujet des chansons de Jean Ferrat dont les textes ont été écrits par Louis Aragon, Georges Coulonges, Claude Delécluse, Pierre Frachet, Henri Gougaud, Michelle Senlis, Guy Thomas, et d’autres encore…

     

    D’esprit ouvert – en principe...- que je suis, je reconnais, et donc, ne rejette pas ces critiques émises, des chansons de Jean Ferrat, de Françoise Hardy et de Jane Birkin… Je dis seulement que je n’adhère pas à ces critiques, mêmes émises par des personnes pour moi « référentes » et amies…

     

    Lorsque Françoise Hardy disparaîtra, ç’en sera fini de cette époque – pour moi et pour un certain nombre de personnes de ma génération - « mythique » de notre jeunesse…

    C’était – disons - « une autre culture », une autre sensibilité, un « autre monde » que ce monde là, des années 1960 à 1990, que nous avons connu, les nés et les nées de 1945 à 1955…

     

    Mais la nostalgie, faite de regrets, de comparaison et de critique plutôt négative, par rapport à l’époque actuelle jugée « en perte de valeurs »… N’est à mon sens, « pas la voie à suivre » car il me paraît nécessaire et, quasiment salutaire si l’on veut, de s’en libérer, de cette nostalgie…

     

    Peut-être que les gens qui ont connu jusqu’à 50 ans, la seconde moitié du 20ème siècle, ne s’interrogent pas vraiment sur ce que ressentent, ce sur quoi se réfèrent les jeunes – adolescents et jeunes adultes – nés au début du 21ème siècle ou dans les années 2010…

     

    Bien sûr que par « époque » je n’entends pas du tout « époque » dans le sens où par exemple, Jane Birkin et Léo Férré et les autres que j’ai cités, « seraient dans un même ordre d’idée, un même ordre de ressemblance de courant de sensibilité qui les unirait » car ils sont tous, chacun, chacune, différents, bien que contemporains puisqu’on les voyait en scène et en représentation de spectacle entre 1950 et 1990…

     

     

  • Différences culturelles au 18ème siècle et de nos jours

    Au temps des « Lettres Persanes » de Montesquieu, dans la France et dans l’Europe du

    18ème siècle, les différences culturelles entre civilisations, l’une celle de l’Europe et de la France, et l’autre celle des pays du Moyen Orient (Perse, pénisulte Arabique, empire Ottoman)… Aussi importantes qu’elles étaient, ces différences culturelles, pouvaient néanmoins, lorsqu’elles se trouvaient occasionnellement confrontées l’une à l’autre, lors d’échanges commerciaux, de voyages, d’invitations de princes, de rois et leurs cours, de leurs ambassadeurs en déplacement… Parvenir à s’accorder, à se reconnaître… À ceci près cependant, que le contact ne s’établissait pour l’essentiel, qu’entre gens de « haut niveau social et de privilèges » ou entre gens de culture – écrivains entre autres… De l’une ou de l’autre des deux civilisations, Européennes et Moyen-orientale…

     

    L’un des principaux points communs entre la civilisation européenne et la civilisation moyen-orientale au 18ème siècle – sinon sans nul doute celui qui à l’époque dominait, commun d’ailleurs à toutes les civilisations et sociétés dans le monde connu de l’époque, tenait au statut de la Femme dans la société, un statut absolument identique partout dans le monde de l’époque… Statut il faut le dire, inférieur à celui de l’homme, et cela dans toutes les strates (ou catégories, ou classes) de la société…

     

    Un autre point commun tenait au fait qu’au 18ème siècle – depuis des milliers d’années et jusqu’à la seconde moitié du 20ème – les flux migratoires ont été beaucoup moins importants, en particulier dans le sens du Moyen Orient et de l’Afrique et de l’Asie, vers l’Europe…

     

    De nos jours, au 21ème siècle, les différences culturelles, notamment entre les pays d’Europe et les pays du Moyen Orient et de l’Afrique, sont d’autant plus impactantes et accentuées, que le statut de la Femme s’est trouvé, en France et en Europe (et dans la civilisation Occidentale), modifié par rapport à ce qu’il était au 18ème siècle, à savoir que la Femme a acquis des droits qu’elle n’avait pas auparavant… Alors que dans les pays du Moyen Orient (Iran, pénisule Arabique) et en Afrique, le statut de la Femme est demeuré toujours le même, inférieur, très inférieur à celui de l’homme… D’où cette « pierre d’achoppement principale » depuis la seconde moitié du 20ème siècle, entre la civilisation Européenne et la civilisation Moyen-orientale – du monde musulman – et Africain… Qui est celle de la différence de statut de la Femme dans les sociétés moyen-orientales du monde musulman d’une part, et dans les sociétés européennes d’autre part…

     

    De surcroît, par rapport au 18ème siècle du temps des « Lettres Persanes » de Montesquieu… Au 21ème siècle les flux migratoires sont devenus beaucoup plus importants , surtout depuis les pays du Moyen Orient et de l’Afrique vers l’Europe, ce qui a contribué à l’établissement de communautés à l’intérieur de la France et de l’Europe ; mais aussi à des « brassages » de populations… Avec confrontation au quotidien de modes de vie, d’habitudes, d’habillement, de cultures, de rapport de relation, différents et difficiles à gérer…

     

    Enfin, un autre point apparaissant, sans doute plus qu’au 18ème siècle, c’est la religion : avant la seconde moitié du 20ème siècle, les Chrétiens dominaient très largement en Europe, et les Musulmans implantés en Europe avant le 21ème siècle, « ne faisaient pas trop parler d’eux » en ce sens qu’ils pratiquaient leur culte et suivaient les préceptes de l’Islam sans manifester pour autant, comme depuis quelques années, de revendication et d’ostentation -parfois dans la violence et dans la non reconnaissance des lois du pays où ils vivent…

     

    En conclusion je dirais que le statut de la Femme – si différent – dans la société européenne du 21ème siècle et dans la société Moyen-Orientale et Africaine… Est ce qui empêche la reconnaissance, la tolérance ; crée des tensions, entre les deux sociétés, et qu’en plus de cette différence de statut de la Femme, apparaît la revendication ostentatoire de la religion sinon même la politisation de la religion musulmane…

     

     

     

  • Des vaches non plus à lait mais à merde

    En France en 2023, environ 1400 sites de méthanisation utilisent de la biomasse agricole pour produire du biogaz…

    La biomasse étant l’ensemble des matières organiques pouvant se transformer en énergie…

    La moitié de ces sites de méthanisation sont détenus par des agriculteurs (en fait des éleveurs de bovins)…

    Ainsi voit-on apparaître au détour d’un bois, au milieu des champs, de ci de là, dans le paysage français, ces dômes verts, énormes… Dans lesquels  fermentent  à l’intérieur, les lisiers et fumiers issus de l’élevage et émettant du méthane, un gaz qui, récupéré, produit de l’électricité et de la chaleur.

     

    Un certain nombre de ces éleveurs de bovins – peut-être entre le tiers et la moitié d’entre eux – se sont entièrement « reconvertis » en producteurs de méthane (alors que pour d’autres tels le « gros agriculteur  du coin » que vous connaissez, pas très loin de chez vous, continuent à élever des vaches pour le lait dans des unités automatisées robotisées et « s’essayent » à la production de méthane)…

     

    Que ce soit des vaches à lait dans des unités robotisées ou surtout des « vaches à merde » dans les unités productrices de méthane, les vaches vivent 24h sur 24 enfermées dans de vastes hangars, sans espace pour se mouvoir, et sous leurs pieds s’accumulent les bouses en permanence… (Il est évident que ces vaches, si elles se mouvaient dans un pré, déposeraient au sol leurs « pavés de merde » disséminés, et qu’il faudrait donc ramasser et occasionnerait un surcroît de travail)…

     

    Sous ces énormes dômes verts, fermentent par voie liquide ou solide, des tonnes de bouses – mais pas seulement, puisqu’y sont déposés conjointement, d’autres matières organiques en décomposition putréfaction telles que, par exemple, des produits alimentaires légumes, viandes invendus ou périmés, issus de grandes surfaces Intermarché, Leclerc, Carrefour etc.-

    dans un mileu fermé sans oxygène, où des micro-organismes décomposent la matière organique brassée, réduite en une sorte de « purée », en plusieurs gaz dont méthane et dioxyde de carbone…

     

    Le digestat ( produit restant après transformation en gaz) est ensuite utilisé en épandage dans les champs pour fertiliser les sols… Digestat il faut dire, contenant beaucoup de toxines, de pesticides, de nitrates, tout cela très néfaste pour les insectes, les petits animaux, les oiseaux, pour nombre d’espèces en voie de disparition, pour la microbiologie des sols…

     

    À la méthanisation est associée l’exploitation du colza pour produire du biocarburant (ainsi que de la betterave fouragère, du blé et du maïs)…

    Si en Union Européenne, la culture OGM des céréales (colza, blé, maïs) est légalement interdite, il n’en demeure pas moins qu’en tant que produits importés depuis des pays hors Union Européenne, le colza notamment, venu d’Australie, de Chine, du Canada, ainsi que le maïs, le soja (du Brésil) sont eux, bel et bien cultivés OGM… Nos aminaux d’élevage et consommateurs de céréales et de viandes, que nous sommes tous, en absorbant forcément, de ces produits OGM viandes et céréalesQui arrivent dans les ports européens par cargos géants ayant navigué sur des milliers de kilomètres d’océan…

     

    Les « grands bénéficiaires » de l’ « industrie de la mort future de l’espèce humaine et de toutes les autres espèces vivantes » sont Total Energie, Engie, et d’une manière générale tous les Lobbies de l’industrie et de l’agriculture très énergivores, qui, aidés et soutenus par les états et leurs politiques de développement « durable », subventionnent, financent tous ces « projets » de « transition écologique »…

     

    Pour conclure : des vaches désormais « à merde » plutôt qu’à lait (quoique le lait on en a encore bien besoin et qu’on continuera à en produire), une quantité de 20 à 30 % de produits alimentaires de grandes surfaces, invendus et destinés à produire par putréfaction, de l’énergie… Et du « bio » (carburant, énergie, électricité) qui est bel et bien en train, peu à peu - mais en accéléré dans les années présentes - de « faire crever la planète » (et nous avec)…

     

     

  • La mémoire

    Milan Kundera, dans « l’insoutenable légèreté de l’être », roman publié en 1984, évoque une zone du cerveau que, selon lui, l’on pourrait appeler « mémoire poétique ».

    Cette « mémoire poétique » enregistre ce qui nous charme, nous émeut, et donne à notre vie sa beauté… Dit-il…

     

    En fait, cette « mémoire poétique » n’est autre que notre mémoire purement visuelle (qui est en même temps une mémoire enregistrant, outre ce que l’on observe visuellement, ce que l’on ressent ou perçoit au moment de l’observation)…

     

    Ainsi en est-il de cette mémoire (poétique selon Milan Kundera ou visuelle en réalité) : par exemple un visage, un beau paysage, un arbre, un animal, une vitrine, un marché se tenant sur la place d’un village, une chose ou une autre, aperçue, dont on se souvient…

     

    Cela peut-être aussi une phrase, un poème, un texte, dont on se souvient et que l’on peut reproduire en récitant mot pour mot…

     

    Cela peut-être, encore, une situation de relation particulière à un moment donné, un événement survenant, dont on conserve le souvenir précis en une image en pensée se formant (pouvant cependant être altérée ou devenir floue, avec le temps qui passe)…

     

    La mémoire visuelle fonctionne mieux que la mémoire « identificatrice » qui, elle, est une mémoire qui retient ce dont les choses, les êtres et les événements se nomment ou s’identifient et que parfois l’on peine à retrouver.

     

    La mémoire « identificatrice » est une mémoire qui s’acquiert par l’acquistion des connaissances (ce que l’on apprend à l’école, par l’éducation que l’on reçoit, par une formation pour un métier, pour une activité, par ce que l’on apprend par soi-même dans des livres ou en s’informant d’une manière ou d’une autre sur ce qui se passe autour de nous)…

     

    Ainsi la mémoire des animaux est-elle une mémoire purement visuelle et de perception des choses et des situations, événements survenant ; l’identification se faisant alors par l’image (alors que l’humain, lui, identifie par l’image se formant en son esprit et par le fait de nommer les choses)…