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Paroles et Visages - Page 135

  • Les émotions

    … Comme le disait Louis Ferdinand Céline [ alias Louis Ferdinand Destouches ], « c’est l’émotion qui compte, qui est la base de la vie »…

    En effet ce sont nos émotions – en face du beau comme en face du laid – qui nous inspirent, qui sont la « matière première » de nos pensées, en tant qu’écrivain, artiste, créateur ; en tant qu’homme ou femme que nous sommes, tels que nous sommes fait de tout le contenu qui est en nous et ne ressemble à aucun autre contenu, lié à tout ce que contient ce qui est hors de nous et nous atteint, se porte à notre connaissance, et fait trace en nous…

    Mais… Lorsque l’émotion – en face du beau comme en face du laid, en face de ce qui nous est montré en étant arrangé – est suscitée, dictée par l’ordre de l’opinion publique, par les ordres sociaux, politiques, économiques, marchands, clientélistes, l’ordre des réseaux sociaux, l’ordre du monde et des modes… Alors l’émotion fait de nous, davantage des individus que des personnes humaines…

    L’individu démultiplié, à partir de trois et jusqu’à cent, mille, un million, dix millions… Applaudit, relaye, gronde, suit, rit, pleure, tout cela en une houle qui roule, déferle, individualise, assemble mais ne relie pas, ne réunit pas…

     

     

  • Pensée matinale

    … Ce matin de très bonne heure, comme d’ordinaire en hiver ou en été, en pensant à la réforme des retraites qui agite la société française depuis bientôt quatre mois ; m’est venue également en pensée, le souvenir des dernières années, de février 1999 à janvier 2005, où j’ai travaillé, terminant ma « carrière », à la Poste des Landes, d’abord en tant que « Receveur chef d’établissement » à la poste de Lesperon jusqu’au 30 juin 2002 et ensuite jusqu’au 14 janvier 2005 en tant que « Brigadier EAR » (remplaçant) dans différents bureaux du groupement Landes Océanes…

     

    À mon arrivée en février 1999 à la Poste des Landes, je me suis heurté avec ma hiérarchie ainsi qu’à certains de mes collègues, une hiérarchie et des collègues « très système/système » (le système tel qu’il était déjà à la Poste à cette époque, et tel qu’il préfigurait le système actuel, que je n’ai pas connu, depuis 2006 où la Poste est devenue la Banque Postale, séparée de son activité courrier…

     

    Je venais, par mutation dans les Landes, d’un pays, les Vosges, de la région Lorraine élargie à toute la partie Est de la France, où durant les années 1990, exerçant la fonction de conseiller clientèle, j’étais reconnu dans mes « marginalités » si je puis dire, par ma hiérarchie (les animateurs, les directeurs de groupement, les receveurs chefs d’établissement des bureaux voisins et de Bruyères, les formateurs, les « DRH », etc.)… Ainsi que de bon nombre de mes collègues…

    Aussi fut-ce pour moi, en 1999 à la poste des Landes, un enfer, dont je suis en partie sorti lorsque mon directeur de groupement (Dax Landes Océanes) décida de me « parachuter » Brigadier EAR à partir de juillet 2002…

     

    Aujourd’hui en 2023, dix-huit années se sont écoulées depuis janvier 2005, et m’est venue en pensée ce matin, ce que pouvaient être devenus tous ces personnages de ma hiérarchie et de mes collègues, avec lesquels je me suis trouvé en conflit : mon directeur de groupement, mon directeur départemental, mon animateur, les chefs d’établissement des différents bureaux où j’ai exercé de 2002 à 2005… Qui, tous ces personnages, se pressaient autour des dirigeants, dans les cockails de réunion, se bousculant afin d’accéder à la table chargée de victuailles et de bouteilles de pinard…

     

    Sans doute ont-ils pour la plupart d’enre eux, poursuivi leur carrière « très bien notés » et dans des conditions « optimum » jusqu’à 60 ans (62 pour certains, les plus « chevronnés et engagés »)…

    Que sont-ils devenus, dix-huit ans plus tard ?

    « Si ça se trouve » leur pension de retraite ne doit guère être supérieure à la mienne que d’environ 100 à 200 euro… Et d’ailleurs, certains d’entre eux, qui avaient mon âge à l’époque ou étaient mes aînés de cinq ou six ans, sont morts ou en « séjour définitif EHPAD », plus ou moins « grabataires »…

    Que n’eûssent-ils opté, à une époque où c’était encore possible, pour le « congé de fin de carrière » ou pour la « cessation progressive d’activité » ! … Au lieu de s’agiter, de se contorsionner, le cul haut levé, le bras tendu, sur un « dada du manège » pour « choper le pompom avant que celui ou celle, assis derrière sur le dada précédent, ne le chope » ! (rire)…

     

     

  • Regard dans les yeux

    … « Peut-on imaginer plus grand miracle que celui qui a lieu lorsque nous nous regardons dans les yeux les uns les autres l’espace d’un instant ? « 

     

    [ Henry David Thoreau, Walden ]

     

    … Certes, dans l’espace d’un instant, si bref, si fugitif – même si cet instant est comme un « petit espace d’éternité », ce regard dans les yeux les uns les autres ne nous réunit pas dans les « vingt-mille lieues de nos vécus, de nos écritures, de nos passions, de nos attentes, de nos quêtes d’un ailleurs et d’un autrement, tout cela étant impossible à faire passer en un instant si bref… Mais nous réunit dans cette soudaine, furtive et réciproque conscience aiguë de nos existences respectives… Et c’est sans doute là le « miracle » : cette conscience aiguë de l’existence de l’autre, une sorte, en somme, de « coup de foudre » entre deux ou plusieurs êtres, et donne à chacun regardant l’autre dans les yeux, l’impression de se connaître depuis toujours… Alors même qu’à peine une minute plus tard, nous nous éloignons l’un de l’autre, les uns des autres, nos routes et nos destins étant différents, et que nous ne nous reverrons jamais…

     

    Ce qu’il reste de cet instant où nous nous regardons dans les yeux, c’est la trace que ce regard laisse pour un temps ou pour toujours, et qui nous accompagne, même si dans la trace il n’y a que de l’imaginaire…

     

     

    Nous ne sommes jamais autant réunis que lorsque nous nous regardons les uns et les autres dans les yeux…

     

    Dans des manifestations contre ou pour ceci ou cela, dans ces longs défilés et de marche dans la rue ; dans des opinions publiques partagées et relayées, dans des cérémonies, dans des spectacles où l’on rit tous ensemble, dans les dîners de famille, dans les assemblées dont on fait partie, de personnes… Nous ne sommes réunis qu’en apparence, dans des préoccupations qui nous sont communes, dans des échanges en lesquels le regard porté sur l’autre et que cet autre nous porte, n’est pas présent… Ou s’il l’est, présent, il ne nous réunit pas, il nous regroupe, nous accole, nous apparente, nous fédère, nous assortit… Ce qui n’est pas la même chose que de nous réunir…

     

     

  • Un point de désaccord que j'ai avec Victor Hugo dans ce poème dont je cite un extrait :

    « C’est d’être un alchimiste alimentant la flamme

    Sous ce sombre alambic que tu nommes ton âme

    Et de faire passer par ce creuset de feu

    La nature et le monde et d’en extraire Dieu »

     

    [ Extrait de « À Mademoiselle Louise B - Sagesse » ]

     

    … Très beau, certes…

    Mais… « d’en extraire Dieu », ça me dérange, ça me fait ruer dans les brancards…

    Bon, il faut dire que du temps du vivant de Victor Hugo, l’immense majorité du peuple Français notamment dans les campagnes, « ne voyait, ne pensait, n’expliquait les choses, que par Dieu, que par ce qu’enseignait l’Église (Le catholiscisme apostolique et romain)…

     

    Je rectifie « à ma façon » ce vers « la nature et le monde et d’en extraire Dieu » : la nature et les gens de bonne volonté et d’en extraire la beauté du monde… (Bon, c’est vrai, « ça piète pas ! »)

     

    … Petite anecdote à propos de Victor Hugo :

     

    C’était – il faut le dire- Victor Hugo, un « tombeur de dames » (c’est fou, d’ailleurs, ce que les Grands Écrivains, les Grands Auteurs, ont la cote avec les dames, notamment les très jeunes femmes, surtout lorsque ces grands auteurs et écrivains ont « pris quelque âge » devenus « rassis » et « chenus » et ont des visages à inspirer des sculpteurs célèbres !)… (rire)…

     

    Un jour, Victor Hugo circule en calèche au bois de Boulogne. Il rencontre Louise Michel (plus jeune que lui à l’époque) qui, à pied, revient à son domicile assez éloigné du bois de Boulogne… Il propose à Louise Michel (qu’il soutenait dans son combat contre l’injustice et la misère) de la ramener chez elle dans sa calèche. Louise Michel monte dans la calèche, à côté de Victor Hugo. Au bout d’un kilomètre, voilà-t-il pas que Victor Hugo, alors « bien rassis et bien chenu » pose l’une de ses mains sur la cuisse de Louise Michel… « Ni une ni deux », Louise demande aussitôt à Victor « descendez moi ici, je continue à pied »…

     

    ( À noter qu’un anarchiste – en 1871 comme en 2023 – (homme ou femme) peut-être fidèle à sa femme ou à son mari, compagnon ou compagne, tout comme il demeure fidèle à lui-même dans ses idées, dans sa pensée, dans ses choix de comportements, dans ce qui le singularise, qui le démarque par rapport aux ordres du monde, aux ordres d’opinion, aux cadres établis, aux modes, et même à des mouvements contestataires qu’il ne rejoint pas)…

     

     

  • Petite anecdote relative à un comportement collectif ...

    … En salle de spectacle, au cinéma, au théâtre… Lorsque le comédien ou l’acteur « lâche quelque bon mot » et que seules, quelques personnes « à l’ouie fine » ou « exercée » comprennent le « bon mot » du comédien ou de l’acteur, qui ne s’est pas intelligiblement exprimé tant il a été leste dans son propos plus chuchoté que bien prononcé… Se mettent à « rire de bon cœur », la quasi totalité des autres personnes présentes dans la salle, dont la plupart n’ont pas vraiment tout à fait compris et été en mesure d’apprécier le « bon mot » du comédien ou de l’acteur, se mettent elles aussi à rire toutes ensemble…

     

    Et, celui ou celle dans la salle qui ne rit pas, ne réagit pas, qui est le seul à ne pas rire, passe auprès des autres pour un « demeuré » et subit le regard condescendant de son voisin d’à côté qui lui, n’a pas mieux compris le « bon mot » mais dont le rire s’est fondu dans l’hilatité générale…

     

    Merde à ces rieurs qui ont fait semblant d’avoir compris, ont suivi le mouvement d’hilarité générale… Et ont porté un regard condescendant sur celui qui n’a pas ri…

     

    Cela dit, dans un film, les scènes ou séquences de chuchotement à l’oreille, de propos lestes, humoristiques, à demi étouffés, à peine audibles ; n’apportent rien de plus au film, ne sont jamais de ces moments emblématiques du film, dont on se souvient…

     

    Il y a comme « un air d’imbécilité » dans ces houles de rire en salle de spectacle – qui, par extension- renvoient à ces mouvements, à ces engouements, à ces réactions de foule, ou à ces adhésions consenties à des normes de comportements, à des ordres d’opinion, à ce qu’il sied d’être, de paraître et de faire dès lors que l’on n’est plus seul et que l’on est observé par les autres…