… Rares sont les réalisateurs et auteurs d’œuvres artistiques ou littéraires qui, dans une volonté déterminée et permanente tout au long de leur vie, s’écartent de ce qu’on pourrait appeler « la voie royale », c’est à dire du « passage obligé » par lequel l’auteur, le créateur, le réalisateur d’une œuvre se fait en quelque sorte, directement ou indirectement introduire par des intervenants ayant du pouvoir, de l’autorité, de l’influence, tous ces intervenants que ce soient des personnes physiques, des personnes morales (organismes, associations, autorités locales (de la puissance publique et administrée) ou régionales, sponsors, soutiens, etc. …) étant pour ainsi dire quasiment tous « de l’Ordre dans lequel fonctionne le monde », un Ordre politique, économique, marchand, dont les principaux « grands acteurs » sont les décideurs, les médias…
Et cela même – de nos jours avec Internet et la communication/diffusion instantanée – par le biais « très élargi » des réseaux sociaux en lesquels il devient indispensable afin d’être « visible », de se créer avec les « outils » mis à disposition de tous, une « communauté d’amis » (en fait une communauté de préférence la plus importante possible, de connaissances – ce qu’en « langage du Web anglicisé » l’on appelle des « followers »)…
Ainsi fonctionne la « Voie Royale »… Ou le « passage obligé »… Dans un « Ordre du Monde » (un « consensus » de pensée, de pratique, de mode) auquel l’auteur, le créateur, le réalisateur, l’artiste, l’écrivain, le comédien… Doit nécéssairement se rallier (avec l’idée en lui selon laquelle il ne se soumet pas forcément)…
Cette détermination, cette volonté – exercée dans la liberté (dans une liberté pure) peut aller juqu’au refus de toute proposition émise ou faite par quelque intervenant que ce soit, quand bien même cet intervenant peut être un personnage ou un organisme détenant pouvoir, autorité et capacité de décision…
Dans quelle mesure, alors, en conséquence d’un tel choix de s’écarter, de ne pas emprunter la « Voie Royale », l’artiste, le créateur, le réalisateur, l’auteur, l’écrivain ; peut-il contribuer – dans sa liberté totale, dans son indépendance absolue – à apporter au monde dans lequel il vit, sa « part », sa « part » faite de son travail, de son œuvre, du « meilleur de lui-même » en quelque sorte ?
C’est là une question « difficile »… Mais qui à vrai dire, se la pose, cette question ? A-t-elle d’ailleurs un sens ? Une finalité ? Peut-elle être une « voie, une autre voie de passage » ?
Non seulement la question est «difficile » mais de surcroît, la question est liée à ce que l’Ordre du monde dans sa pratique, dans le dessein qui est le sien, a « comme prévu dans ses plans » : faire venir, « acheter » (d’une manière ou d’une autre), tout en lui donnant la possibilité de se considérer « libre et indépendant », l’artiste, le créateur, le réalisateur, l’auteur, l’écrivain qui, en quelque sorte ainsi « rallié », participe à l’Ordre du Monde, un ordre « marchand », un ordre de « clientèles »…
C’est la raison pour laquelle il y a, il y a toujours eu et il y aura encore pour longtemps, si peu de réalisateurs d’œuvres qui s’écartent totalement de la « Voie Royale », ne s’y laissent « rallier »…