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pensée

  • Liberté intellectuelle

    «  Je n’ai jamais vu aussi peu de liberté intellectuelle qu’à notre époque. L’opinion dominante n’a plus d’ennemis »…

     

    De Pierre Manent, philosophe Français né le 6 mai 1949 à Toulouse. Normalien, agrégé de Philosophie en 1971 – à l’âge de 22 ans – spécialisé en philosophie politique. A été assistant de Raymond Aron au Collège de France.

     

    Cette liberté intellectuelle dont parle Pierre Manent, n’est pas, loin s’en faut, celle de bon nombre d’intellectuels d’aujourd’hui, que l’on voit, invités dans des émissions de télévision, et dont on lit les « best-sellers », les livres qu’ils écrivent et que le « Grand Public » achète comme n’importe quel « produit de consommation » en étalage dans les « grandes surfaces de la culture et multimédia » avec entrée dans les galeries marchandes…

    La liberté intellectuelle dont parle Pierre Manent est devenu « une denrée rare » de telle sorte qu’elle n’a plus guère d’ennemis, parce que cette liberté là, celle de l’indépendance d’esprit, qui s’appuie sur des bases culturelles réelles, sur du travail de recherche, sur de l’analyse et sur de la réflexion et qui ne se laisse jamais dominer par des courants d’opinion, ni non plus acheter ni pervertir… Est, le plus souvent « zappée » ou considérée « suspecte » ou encore dit-on d’elle qu’elle est « à côté de la plaque », ou qu’elle est l’affaire de gens qui se sentent « supérieurs » et donc « très au dessus du citoyen lambda qui galère… Ce qui, en quelque sorte, pour celui ou celle qui a cette liberté intellectuelle dont parle Pierre Manent, est pire que d’avoir effectivement des ennemis déclarés, des opposants déterminés, des contradicteurs, des interlocuteurs difficiles – mais qui eux, au moins, réagissent avec l’intelligence qui est la leur, avec leurs arguments, leurs armes entretenues en somme, tout ce dont ils sont capables et qui vient de leur vécu, de leurs idées, de leurs propres réflexions…

    Effectivement l’opinion dominante n’a pas d’ennemis, elle a des suiveurs, des admirateurs, et c’est elle, l’opinion dominante (LES opinions dominantes) qui « font le buzz » sur les réseaux sociaux (pas la « vraie » liberté intellectuelle dont parle Pierre Manent, et qui ne s’acquiert pas dans la facilité, dans le « tout venant », dans ce qui « braie », « clingue », se partage avec des centaines de gens en 2 secondes aussi bien autour de soi à cent kilomètres à la ronde que d’un bout à l’autre de la planète…

    La liberté intellectuelle dont parle Pierre Manent implique de devoir mener un combat sans merci, déterminé, constant, de toute une vie… Contre les ordres dominants mais aussi contre les désordres eux aussi dominants à leur manière…

     

     

  • Qu'est-ce que la philosophie ?

    Dans « l’imagerie populaire » - si l’on peut dire – la philosophie c’est cette matière qui est enseignée dans les classes terminales des lycées et qui porte sur l’étude des penseurs de l’Antiquité Grecque et Romaine, sur d’autres penseurs plus « récents » des « Temps Modernes », du 18 ème siècle des « Lumières », et des « actuels » grands auteurs et penseurs du siècle dernier – voire du début du 21ème siècle quoique l’on se demande lesquels en fait…

     

    Tous ces auteurs et penseurs que l’on étudie dans les classes terminales des lycées, dont on lit, commente et analyse les ouvrages, et font l’objet de sujets de Baccalauréat, et qu’après le Bac on continue en faculté, d’étudier en suivant une formation universitaire, littéraire… Ont chacun d’entre eux conceptualisé, défini, classé, isolé, « mis en avant » des courants de pensée, d’idée, de « vision du monde »…

     

    Il faut dire que les textes de tous ces ouvrages de penseurs, de l’antiquité grecque et romaine puis des temps modernes, du 18ème siècle des lumières, et des contemporains du 20ème… Sont d’une rigueur analytique et quasi scientifique tels, qu’ils ne peuvent vraiment être à la portée (intelligibles) que de ceux et celles des élèves des lycées, puis des personnes ensuite, de tous âges, qui ont été formées à l’étude de ces textes…

     

    Mais la philosophie n’est elle « que cela » ?

     

    N’a – t – elle pas « un sens plus élargi » ou si l’on veut « plus universel », n’engloberait- elle pas la poésie, la littérature, et par le texte littéraire, tout ce qui porte à réflexion, à pensée, à développement d’idée, à « image  ou métaphore », à récit, conte, nouvelle, témoignage…

    Et ne serait-elle pas aussi, le corollaire – ou l’alliée ou « l’autre face » des Mathématiques, science dite exacte et qui exige comme pour la pensée, pour la réflexion, pour l’expression… De la rigueur, autant de rigueur et de précision, de pureté, de « vérité intemporelle » (si l’on peut dire) ?

     

    C’est cette philosophie là, au sens « élargi et universel », proche des mathématiques et de la physique (et de leurs lois et principes)… Que l’on n’enseigne pour ainsi dire que très peu, à l’école, dans toutes les écoles – primaires, secondaires, universitaires…

     

    C’est cette philosophie là qui intéresse le plus grand nombre d’entre nous, dont en particulier ceux et celles qui n’ont pas de « cursus universitaire », qui sont de ces gens que l’on dit « être de peu » souvent soupçonnés de se complaire dans l’ignorance, de se conformer par facilité à un ordre d’opinion en vogue…

     

    C’est cette philosophie là qui n’est que peu « mise en valeur »… Sans doute considérée comme étant « subversive », contestataire de l’Ordre du Monde – sans pour autant il faut le reconnaître, rejetée par l’ordre du monde (elle est même parfois captée ou achetée)…

     

    Sublime et incitant à une profonde réflexion sur le sens de la philosophie, cette pensée de Gaston Bachelard, dans « la psychanalyse du feu » :

     

    « Tout ce que l’on peut espérer de la philosophie c’est de rendre la poésie et la science complémentaires, de les unir comme deux contraitres bien faits. »

     

     

     

     

  • L'audace de penser par soi-même

    « Ceux que le troupeau déteste le plus, c’est ceux qui pensent différemment, ce n’est pas l’opinion en soi mais l’audace de penser par soi-même, chose qu’ils ne savent pas faire »…

    [ Arthur Schopenhauer ]

    Dans la même idée qu’Arthur Schopenhauer à propos de celles et de ceux qui pensent différemment, je n’aurais cependant pas formulé tout à fait de la même manière :



    « Celles et ceux que le plus grand nombre d’entre nous n’aime vraiment pas, voire déteste, rejette ou « botte en touche » ; c’est ce qui est pensé et exprimé en général par peu de personnes, parfois par une seule personne, qui diffère de l’opinion faisant consensus…

    Ce n’est pas l’idée émise, ce n’est pas l’opinion si différente soit-elle, ce n’est pas la réflexion faite au sujet de ce qui est pensé, exprimé, qui « pose vraiment problème » puisque le problème qui se pose est évacué par le plus grand nombre…

    Mais c’est le fait d’oser penser et s’exprimer différemment, qui dérange… Parce que le plus grand nombre d’entre nous, du moins celles et ceux qui évacuent et ne souhaitent guère faire l’effort de réflexion, « ne savent ou ne veulent pas, par eux-mêmes penser »…



  • Exister dans ce que l'on pense

    « Penser est une chose, exister dans ce qu’on pense est une autre chose »

     

    [ Kierkegaard ]

     

     

    Ce monde de polémique-pilori, de l’aversion et de l’oubli, de réactionnaires, d’obscurantistes, de coalisés de toutes les phobies, et où l’invective se substitue au questionnement, est cependant celui en lequel en même temps, au nom d’un illimitisme du tout permis, au nom d’une liberté sans aucune barrière, au nom d’une ouverture à l’autre qui s’apparente davantage à de l’acceptation, à de la démission et à de l’ abdication , plutôt qu’à cette tolérance que prônait Voltaire au « siècle des lumières »… Est un monde où se multiplient, s’affrontent et se déploient les « émissaires » d’une parole sublimée, contrefaite et brandie telle un insigne de ralliement à un ordre « convenable » ou « de mode »…

     

    Il n’en demeure pas moins, intemporellement, depuis les premiers « grands penseurs » de l’antiquité Grecque et Romaine, que « penser » se fonde sur de l’interrogation et sur de la conscience aiguë de ce qui est ; et que « exister dans ce qu’on pense » ne peut se fonder que sur ce qui, exprimé, se traduit en agissement et en comportement – autrement dit en exemple donné – sans pour autant s’imposer ni être sublimé…

     

     

     

  • Le "zappage" de la pensée individuelle

    … Rudolf Steiner, philosophe et pédagogue Autrichien, né le 27 février 1861 et mort le 30 mars 1925, auteur de plusieurs ouvrages de réflexion ; en son temps entre la fin du 19ème siècle et le début du 20ème siècle, annonçait qu’après l’an 2000, disparaîtraient la pensée et la réflexion individuelle sous la pression, de plus en plus accrue dès l’an 2000, des opinions publiques fabriquées, des ordres dominants marchands et diffuseurs de « prêt à penser »…

     

    C’est effectivement ce à quoi nous assistons en ces années présentes du premier quart du 21ème siècle : un recul, une quasi « mise à l’index », ou du moins un « zappage » de la pensée et de la réflexion individuelle… Sous la pression des puissances médiatiques, presse, audiovisuel, internet, réseaux sociaux, sous la pression des gouvernements autoritaires (Turquie, Russie, Chine, Iran, Qatar, Emirats, Syrie et d’autres encore) et même des gouvernements dits « démocratiques » d’Amérique du Nord et d’Europe…

    Et à toute cette pression exercée par les ordres dominants, s’ajoute la pression de la société de consommation, de l’individualisme, des religions, des communautarismes et des minorités contestataires agressives bénéficiant de complaisances… Tout cela contribuant à ce que s’instaurent dans les pays dits « libres », des régimes de dictature, voire d’extrême droite, prétendant « faire le ménage et apurer »…

     

    En somme, en ce premier quart du 21ème siècle, ce n’est point la « période idéale » pour les artistes, les rêveurs, les créateurs, les poètes, les penseurs, ne pouvant plus compter sur des « découvreurs de talents » qui n’existent plus du fait de leur remplacement par les marchands, et du fait aussi, que sur internet et sur les réseaux sociaux, ce sont les « like », les « followers » et les « partages » qui font les « vedettes », les « héros du jour ou de la saison », le « vent bien en poupe » … À l’exception de quelques artistes dont les œuvres se vendent par millions de dollars ou euros, de quelques « grands auteurs » dont les livres se diffusent en 40 langues et en dizaines de millions d’exemplaires…

    Bien plus que la valeur réelle des œuvres, c’est la valeur côtée sur les marchés par les courtiers, les antiquaires, les financiers, les critiques d’art, les fonds d’investissements, les banques privées, et des maisons telles que Sotheby’s et Christie’s, qui définit et fixe le prix que devront payer les acheteurs les plus fortunés de la planète…

     

    Merde à toute cette chienlit de productions qui ont « le vent en poupe », à tous ces élus des scènes les plus en vue, à tous ces personnages tels que rappeurs, comédiens, producteurs d’albums, écrivains médiatisés, invités de « plateaux télé », plébicités, applaudis, faisant la Une des réseaux sociaux… Merde à tout ce qui « clingue et bingue » sous les lumières vives des spots et sous les effets technologiques de scène !

     

    … Étant donné les ouvrages dont Rudolf Steiner est l’auteur ( Mystique et Esprtit moderne, la Science de l’Occulte, entre autres ) ; et les disciplines dans lesquelles il a exercé ( théosophie, occultisme ), et ses dérives sectaires… Et, n’étant point – très loin s’en faut – un « adepte » de mysticisme, de sciences occultes ni de ces philosophies du spiritualisme… (j’ai tout cela en horreur)… J’ai été très surpris que Rudolf Steiner puisse faire état dans ses textes, de ce qu’il annonce au sujet de la disparition après l’an 2000, de la pensée individuelle… Alors que dans la teneur de ses ouvrages et dans sa pensée il faut le dire plus proche de celle d’un « gourou » que d’un « maître à penser, il ne semble guère porté à promouvoir la réflexion et la pensée individuelles !

    C’est en effet, assez étonnant !

     

    En revanche, en ce qui me concerne, j’ai parfois évoqué dans mes écrits, le recul de la pensée et de la réflexion, sous la pression dominante des apparences, des effets immédiats produits, des raccourcis de pensée et de jugement, des opinions publiques relayées…

    Cela dit, je me pose cette question : qu’est-ce vraiment qu’une « pensée individuelle » ou, autrement dit : une pensée qui nous vient est-elle « si individuelle que cela » ? Et : « que vaut cette « indépendance d’esprit », cette liberté que l’on prend dans des propos, dans des écrits dont on fait part autour de soi (losque c’est le cas) ?

     

    Et, n’y a – t -il pas aussi, dans la complexité actuelle, accrue, du monde en lequel nous vivons… Ambiguité entre « pensée individuelle » et « pensée découlant d’une opinion des autres (ou de quelques autres en particulier) ?

     

    Je me pose en quelque sorte la question de la sincérité de ce que l’on dit, écrit, partage, diffuse, porte à la connaissance des autres… (Sincérité, il faut le dire, assez souvent davantage dans l’apparence que dans la réalité)…

     

    Nous sommes, beaucoup d’entre nous « bourrés de contradictions » … Comment, de quelle manière peut-on gérer ces contradictions ?

     

    La seule réponse que j’ai trouvée jusqu’à présent, c’est celle qui se fonde sur la bienveillance, sur la mansuétude, sur la bonté, sur (comme je dis) : « tirer le fil de la pelote le plus loin possible en dépit des nœuds sans que le fil se rompe, le plus loin possible vers le début du fil »…

     

    Mais à la bienveillance, à la mansuétude, à la bonté, doivent être associés une certaine dureté, une certaine intransigeance ou fermeté, et de la loyauté… (C’est la seule réponse que j’ai pu trouver)…