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  • Mon premier jour de travail ...

    Le mardi 18 juillet 1967, au Centre de Tri Postal du PLM, 7 rue du Charolais à Paris 12ème, jouxtant la Gare de Lyon

     

     

    J’étais arrivé la veille, lundi 17 juillet 1967, à 6h 14 en Gare d’Austerlitz, ayant passé la nuit dans le train express départ de Dax à 19h 44 le dimanche 16 juillet, une heure d’arrêt à Bordeaux Gare Saint Jean entre 21h 30 et 22h 30 ; puis arrêts à Libourne, Coutras, Angoulême, Poitiers, Tours, Blois, Orléans ; en seconde classe dans un compartiment de 8 personnes ; une nuit longue et épuisante, avec la chaleur, les odeurs corporelles des autres passagers, des militaires du contingent… Ma très grosse valise dans le wagon à bagages…

     

    Le rendez-vous au « bureau d’ordre » du PLM était fixé à 8h 30, ce lundi 17 juillet ; je me suis retrouvé après avoir déposé ma grosse valise en consigne à la gare d’Austerlitz, et pris un petit déjeûner au buffet de la gare, avec une vingtaine de jeunes de mon âge – j’avais 19 ans en 1967- en face de l’entrée principale du bâtiment de trois étages du PLM…

     

    Nous fûmes invités à pénétrer dans le bureau du Directeur du Centre de Tri, où l’on nous gratifia du discours directorial de bienvenue « dans la plus pure tradition de leçon de morale et d’injonction à obéïssance et énumération de règles à suivre »… Puis nous dûmes devant un juge du Tribunal d’Instance venu pour la circonstance dans le bureau du directeur, prêter serment, enregistré dactylographié imprimé et signé par chacun de nous…

     

    Nous devions nous présenter le lendemain à midi le mardi 18 juillet, au service de la Ligne, pour notre première vacation de travail au PLM devant se terminer à 20h…

    Pour le reste de la journée ce lundi 17 juillet, nous avions à nous installer en foyer d’accueil du Landy, situé « à l’autre bout de Paris » dans le 18ème à proximité de la porte de Clignancourt. Trois quarts d’heure de métro avec un changement à Châtelet ; au foyer d’accueil on était à trois voire quatre et même jusqu’à cinq par chambrée avec toilettes et salle de bains communes à tout l’étage. L’on avait le droit de rester 1 mois au foyer, mais après une première nuit épuisante ( sur les cinq l’un travaillait de jour, deux autres de nuit l’un en brigade C l’autre en D, un autre au Transbordement à différentes heures de la nuit et du jour) c’était invivable, trop de promiscuité et de bruit et de lumière s’allumant plusieurs fois dans la nuit), je décidai de rechercher une chambre d’hôtel au mois proche du PLM… J’en trouvai une située au sixième étage sous la toiture en zinc dans un hôtel de la rue de Chaligny – moins de 500 m du PLM- à 250 Francs par mois (Ma grand-mère m’avait avancé 500 Francs jusqu’au 31 juillet jour où jallais recevoir ma 1ère paye – en espèces à la Caisse du Bureau d’ Ordre du PLM en faisant une queue interminable- 753,56 Francs mensuels en tant qu’ « agent d’exploitation des PTT »…

     

    À midi tapantes sonnantes je me trouvai debout devant un casier de tri du service de la Ligne (des départements desservis par le Train Poste Paris Lyon, puis Lyon Marseille) ; en tant que débutants nous n’étions pas tenus de trier 500 lettres au quart d’heure, il nous fallait d’abord nous familiariser avec le casier de tri , le préposé à l’acheminement, prenait une grande brassée de lettres sur une « cocote » et nous la plaçait sur le bord du casier de tri et… Devant nous la perspective de huit heures de travail de tri placer les lettres dans les cases, debout…

     

    J’étais allé manger à la cantine à 11h, au prix de 2,20 Francs le repas avec ristourne (sans ristoune le repas coûtait 2,70 Francs et on avait droit à 20 tickets par mois de ristourne)…

    Un simple café express dans une toute petite tasse coûtait en 1967 dans un bistrot Parisien populaire 0,50 Franc… Et un repas menu du jour dans un restaurant populaire coûtait entre 7 et 9 Francs… Une séance de cinéma revenait au moins cher à 2 Francs (à La Bastille et à Pigalle et Barbès)…

     

    Dans une vacation 12h – 20h nous avions sur le coup de 15h 30, une pause de 45 minutes et le lendemain matin dans la vacation de 6h – 12h, vers 8h 30 une pause de 30 minutes…

    Le souvenir le plus marquant que j’ai gardé de cette première journée de travail, c’est lorsque l’inspecteur de la Brigade de jour monsieur Andrieu, me fit cette réflexion : « monsieur Sembic, veuillez placer vos lettres dans les cases dans le sens correct et non pas en sens inverse » (parce que je trouvais « plus facile » dans les cases du haut, de mettre les lettres les unes sur les autres retournées – moins fatiguant)…

    Je le revois encore, ce monsieur Andrieu : la cinquantaine confortable bardée de certitudes « bien carrées », les cheveux blanchis ou grisonnants tirés en arrière, des yeux bleus très froids, un visage sévère, en costume bleu clair d’été, cravate bleu foncé, souliers noirs de forme classique… Surveillant les « petits jeunes » devant leurs casiers de tri, prêt à faire des réflexions peu amènes à la moindre incartade…

     

    Au bout de deux semaines de ce régime – de brigade de jour- j’ai demandé à partir dans les Ambulants (wagon postal) de nuit et j’ai obtenu durant deux mois, des postes de remplacement de titulaires en congé, sur différentes lignes dont durant une semaine sur le Train Poste Paris Lyon (un « PLM ambulant où le travail était épuisant)…

    Nous prenions notre service à 19h au wagon, le train partait vers 22h, on allait jusqu’à Lyon Perrache, jusqu’à Chambéry, Annecy ou Pontarlier et arrivions le matin à différentes heures entre 4h 12 à Lyon et environ 6 ou7h ailleurs… Deux nuits consécutives aller et retour, le retour on était au départ du train à Lyon, Chambéry, Annecy ou Pontarlier vers 22h, retour à Paris vers 6 ou 7h le matin… Puis 2 nuits de repos avec les jours entre…

     

    On travaillait jour et ou nuit et fériés dimanches compris et avant mai 1968 on était compensé pour les heures du dimanche et des jours fériés, au tiers des heures effectuées, et après mai 1968 on avait obtenu la compensation à 100 %… Ce qui augmentait nos congés et nous permettait de « faire des combines » c’est à dire de cumuler des jours de congé normaux plus des décalages du samedi dimanche plus des remplacements entre collègues de brigades opposées… Avec ce système je réussissais à m’octroyer jusqu’à 50 jours de vacances (idéal pour parcourir la Fance en vélo et séjourner dans des auberges de jeunesse)...

     

    Lorsque je ne puis plus effectuer des remplacements sur les Ambulants, à partir du 20 septembre, j’ai travaillé en bureau gare du PLM en brigade de nuit (deux nuits sur quatre de 20h à 6h avec une pause d’une heure entre minuit et une heure du matin, et une autre pause d’un quart d’heure entre 3h et 3h et quart… Mais en général nous terminions et partions sur le coup de 5h 30, parfois plus tôt…

    De fin septembre 1967 jusqu’au début de 1970, j’étais au « Transit National » - tri des paquets, puis ensuite à l’Avion – tri lettres et paquets pour l’Union Française Antilles, Afrique du Nord et anciennes colonies Afrique Noire…

     

    Et j’ai quitté le PLM le 30 juillet 1976, pour aller en mutation à Bruyères dans les Vosges – guichet et courrier bureau de Poste de Bruyères… Où je suis resté jusqu’au 12 janvier 1999… Et où j’ai exercé entre le 2 octobre 1989 et début janvier 1999, la fonction de conseiller financier clientèle…