… Si l’avenir de l’humanité dépend de notre intelligence collective, alors comment une intelligence collective peut-elle s’édifier si dominent des intelligences individualistes essentiellement préoccupées d’un présent dans lequel s’exercent ces intelligences qui sont déconnectées du passé de l’humanité, qui ont la prétention de savoir de quoi demain sera fait, et qui gèrent le présent « dans un grand han de heurts » et en un dédale de galeries marchandes ?
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Tout le bien que tu fais
… Jusqu’au jour où « pétant un câble » tu déçois l’autre qui cesse de te voir, de te revoir, de te suivre, de t’inviter à participer à ce qu’il fait et à quoi tu adhères…
… En gros, « péter un câble » c’est – dans le sens de déroger par rapport à l’image de soi que l’on donne et à laquelle les autres croient, notamment nos amis les plus proches – par exemple, exprimer lors d’un fait de société, d’actualité, quelque chose qui, sous le coup de l’émotion, de la colère, dérange, choque, est en totale contradiction avec ce que l’on dit et écrit par ailleurs…
Dans le texte joint : « Avec le temps, ils regretteront amèrement votre présence » je ne suis pas sûr du tout qu’ils – ou elles – regretteront vraiment…
C’est fou, et d’une fréquence évidente, ce que « tout le bien que tu as fait » ne serait-ce qu’en exprimant ce qu’il y a de meilleur en toi, est vite effacé, détruit, invalidé, oublié, renié… Dès lors que tu as un jour décroché, déplu, par un mot malheureux, jeté sous le coup de l’émotion, de la colère…
Cet ou cette autre, que tu as déçu, choqué, entraînant inévitablement derrière lui, derrière elle, comme la chevelure d’une comète, tous ses amis, toutes ses connaissances… C’est autant de personnes qui, plus jamais, ne seront pour toi ce que l’on appelle des « followers » (des suiveurs, des fidèles, des attentifs, des lecteurs de ce que tu écris)… C’est donc toute une « clientèle » que tu perds…
Reste cependant – en vérité – ce que « vaut » cette image de soi que l’on porte en avant et que l’on scénarise (et à laquelle on croit et que l’on « icônise »)…
Aimer, apprécier, suivre dans leurs activités, des gens qui nous font du bien (à les lire, à les entendre et mieux encore à les écouter)… Ça, tout le monde ou presque « sait faire »…
Mais… Demeurer fidèle et accompagner contre vents, foudres et marées, et emballements du moteur… Ça, y’en a pas beaucoup qui « savent faire » !
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Nos modes de vie
Défaits
Décolorés
Dérêvés
Désimaginés
Désillusionnés
Déconstruits
Dévitalisés
Dénaturés
Déréglés
Déshumanisés
Délimités
Dépossédés
Décontactés
Dévisagés
Déregardés
Désémerveillés
Désorthographiés
Dégrammairisés
…
Et
Encloisonnés
Asceptisés
Consumérisés
Lotissés
Violés
Formatés
Marchandisés
Virtualisés
Hyperconnectés
Épiés
Chartisés
Empués
Encués
Enrôlés
Encagés
Tatoués
Cosmétiqués
Tracés
Embaraquoclôturés
Portaillisés
Codés
Moralisés
Obscurantisés
Amen-isés
…
Mais ils peuvent être
Réparés s’ils sont abîmés
Protégés s’ils sont assaillis
Arrangés s’ils sont mal environnés
Libérés de ce qui les enchaînent
Rapprochés de ce qui demeure encore de la beauté du monde
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Au temps des encyclopédies en gros volumes
… Lorsqu’il n’y avait ni Google ni moteurs de recherche sur internet ni internet, il y avait les encyclopédies, le Quid de l’année, et toutes les revues, tous les magazines, tous les livres traitant de tel ou tel sujet dans toutes les disciplines possibles… Ainsi que des coupures de journaux et diverses documentations que l’on avait pu conserver ; tout cela constituant un réservoir de recherche – mais en vérité un réservoir de recherche très volumineux d’où la nécéssité de disposer chez soi d’un meuble bibliothèque prenant toute la largeur d’une grande pièce (un salon) et adossé au mur…
Avec les encyclopédies l’on avait accès à tous les savoirs dans toutes les disciplines (Histoire, Géographie, Sciences, découvertes, connaissance du monde, de la nature, des animaux, etc.)…
Cependant, en ce qui concernait les faits d’actualité, ainsi qu’un certain nombre d’informations relatives aux événements, à tout ce qui se passait, de local, de régional, de par le monde… Et de tout ce qui nous permettait de recourir à des services, d’accomplir des démarches administratives, d’acheter des produits de consommation… Les documentations en catalogues, en revues, magazines, journaux, livres, avaient leur limites…
Les recherches auxquelles l’on se livrait alors, « dans le temps », le temps d’avant internet, pouvaient s’avérer fastidieuses, incertaines en résultats, nécéssitant de passer de page en page, d’un document à l’autre, de se livrer à de nombreuses manipulations…
Aussi, tout ce qui courait dans le vent de l’opinion publique, dans le fameux « on dit » ou « l’on a appris que », primait sur la recherche, et surtout sur le travail de recherche…
Avec Internet, Google et les moteurs de recherche, les savoirs et les connaissances dans tous les domaines sont devenus accessibles en peu de temps, quoique parfois pas si aisés que l’on pourrait le croire (et surtout aussi fiables), et les faits d’actualité portés à connaissance immédiate et largement diffusés, enregistrés et faisant trace dans l’espace infini du Web, aussi accessibles et consultables qu’ils soient dans l’instant, ne sont pas forcément fiables…
Et le travail de recherche, en général, est souvent inaccompli, ou escamoté, ou n’est pas effectué… C’est la vision que l’on se fait soi-même des choses, c’est aussi tout ce que l’on apprend par « ouie-dire » ou pour l’avoir vu posté sur des réseaux sociaux, des blogs, qui prime sur le travail de recherche (et l’évacue)…
… Et reste la question de ce que produit en nous un travail de recherche, en capacité mémorielle, en capacité de raisonnement, d’analyse, de réflexion, et en capacité d’exprimer autrement que dans le langage qui va dans le sens commun, dans le sens de l’opinion générale…