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Paroles et Visages - Page 184

  • Réalité des êtres, des choses et des faits

    … De ce dont on témoigne, de ce que l’on observe, de ce que l’on raconte, dans le langage et dans le ton dont on use, apparaît ou transparaît ce que l’on en dit de bien ou de mal, en une vision « moralisante », engagée ou partisane, qui s’articule, se fonde, sur ce que l’on croit…

    C’est la raison pour laquelle tant de visions se font ; tant d’images sont produites, arrangées, contrefaites , présentées « en trompe l’œil », dont les contenus sont accentués, décolorés, déformés…

     

    C’est la réalité même des êtres, des choses et des faits , telle qu’elle est, constituée de tout ce qui la compose sans qu’elle soit accentuée, décolorée, déformée, contrefaite, arrangée… Qui devrait être la seule « morale » …

    Ce qui est loin d’être le cas dans le monde où nous vivons… Et qui n’a jamais, d’ailleurs, été le cas…

     

     

  • Week end prolongé du 28 avril au 1er mai

    … Si, pour ce week end prolongé, de trois jours, avec le lundi 1er mai, en 2023, et en y ajoutant le vendredi 28 avril du fait des entreprises et administrations pratiquant la semaine en quatre jours du lundi au jeudi ; environ dix millions de Français partent de chez eux afin de se rendre, les uns en résidence secondaire, les autres en séjour d’agrément – en hôtel, location, chambre d’hôtes, camping – et seront présents en voiture sur les grands axes de circulation, ou opteront pour un aller retour en train, voire en avion… L’on peut penser que la mobilisation annoncée et qualifiée d’« historique » des manifestations, défilés et rassemblements lundi 1er mai par les centrales syndicales, ne sera pas aussi forte, aussi massive…

    Et que des cortèges de centaines de personnes en vacances durant trois jours, par exemple à Biarritz, Capbreton, Collioures, Royan, La Rochelle, La Grande Motte – ainsi que dans d’autres villes de grand tourisme – ne vont pas se former ce lundi 1er mai 2023, avec bon nombre de manifestants brandissant des pancartes, coiffés d’une casquette CGT ou CFDT… D’autant plus que ce lundi 1er mai est forcément le jour du retour, notamment pour les plus éloignés de leur domicile…

    La réalité, pour tous les Français de 25 à 40 ans (et à plus forte raison pour leurs enfants) de ce que sera le monde du travail en 2050 lorsqu’ils seront âgés de plus de 50 ans et devront travailler jusqu’à 64 ans, est à « mille lieues » de la réalité telle qu’elle est, du monde du travail en 2023…

    Il faut croire qu’ils n’ont pas présent à l’esprit, ces millions de gens partant en week end du 1er mai, ce que risque d’être le monde du travail en 2050… Sinon, quitte à être revenus chez eux dimanche soir 30 avril, ils seraient oui, présents à la manifestation du 1er mai dans la ville où ils vivent et travaillent…

     

     

  • Les émotions

    … Comme le disait Louis Ferdinand Céline [ alias Louis Ferdinand Destouches ], « c’est l’émotion qui compte, qui est la base de la vie »…

    En effet ce sont nos émotions – en face du beau comme en face du laid – qui nous inspirent, qui sont la « matière première » de nos pensées, en tant qu’écrivain, artiste, créateur ; en tant qu’homme ou femme que nous sommes, tels que nous sommes fait de tout le contenu qui est en nous et ne ressemble à aucun autre contenu, lié à tout ce que contient ce qui est hors de nous et nous atteint, se porte à notre connaissance, et fait trace en nous…

    Mais… Lorsque l’émotion – en face du beau comme en face du laid, en face de ce qui nous est montré en étant arrangé – est suscitée, dictée par l’ordre de l’opinion publique, par les ordres sociaux, politiques, économiques, marchands, clientélistes, l’ordre des réseaux sociaux, l’ordre du monde et des modes… Alors l’émotion fait de nous, davantage des individus que des personnes humaines…

    L’individu démultiplié, à partir de trois et jusqu’à cent, mille, un million, dix millions… Applaudit, relaye, gronde, suit, rit, pleure, tout cela en une houle qui roule, déferle, individualise, assemble mais ne relie pas, ne réunit pas…

     

     

  • Pensée matinale

    … Ce matin de très bonne heure, comme d’ordinaire en hiver ou en été, en pensant à la réforme des retraites qui agite la société française depuis bientôt quatre mois ; m’est venue également en pensée, le souvenir des dernières années, de février 1999 à janvier 2005, où j’ai travaillé, terminant ma « carrière », à la Poste des Landes, d’abord en tant que « Receveur chef d’établissement » à la poste de Lesperon jusqu’au 30 juin 2002 et ensuite jusqu’au 14 janvier 2005 en tant que « Brigadier EAR » (remplaçant) dans différents bureaux du groupement Landes Océanes…

     

    À mon arrivée en février 1999 à la Poste des Landes, je me suis heurté avec ma hiérarchie ainsi qu’à certains de mes collègues, une hiérarchie et des collègues « très système/système » (le système tel qu’il était déjà à la Poste à cette époque, et tel qu’il préfigurait le système actuel, que je n’ai pas connu, depuis 2006 où la Poste est devenue la Banque Postale, séparée de son activité courrier…

     

    Je venais, par mutation dans les Landes, d’un pays, les Vosges, de la région Lorraine élargie à toute la partie Est de la France, où durant les années 1990, exerçant la fonction de conseiller clientèle, j’étais reconnu dans mes « marginalités » si je puis dire, par ma hiérarchie (les animateurs, les directeurs de groupement, les receveurs chefs d’établissement des bureaux voisins et de Bruyères, les formateurs, les « DRH », etc.)… Ainsi que de bon nombre de mes collègues…

    Aussi fut-ce pour moi, en 1999 à la poste des Landes, un enfer, dont je suis en partie sorti lorsque mon directeur de groupement (Dax Landes Océanes) décida de me « parachuter » Brigadier EAR à partir de juillet 2002…

     

    Aujourd’hui en 2023, dix-huit années se sont écoulées depuis janvier 2005, et m’est venue en pensée ce matin, ce que pouvaient être devenus tous ces personnages de ma hiérarchie et de mes collègues, avec lesquels je me suis trouvé en conflit : mon directeur de groupement, mon directeur départemental, mon animateur, les chefs d’établissement des différents bureaux où j’ai exercé de 2002 à 2005… Qui, tous ces personnages, se pressaient autour des dirigeants, dans les cockails de réunion, se bousculant afin d’accéder à la table chargée de victuailles et de bouteilles de pinard…

     

    Sans doute ont-ils pour la plupart d’enre eux, poursuivi leur carrière « très bien notés » et dans des conditions « optimum » jusqu’à 60 ans (62 pour certains, les plus « chevronnés et engagés »)…

    Que sont-ils devenus, dix-huit ans plus tard ?

    « Si ça se trouve » leur pension de retraite ne doit guère être supérieure à la mienne que d’environ 100 à 200 euro… Et d’ailleurs, certains d’entre eux, qui avaient mon âge à l’époque ou étaient mes aînés de cinq ou six ans, sont morts ou en « séjour définitif EHPAD », plus ou moins « grabataires »…

    Que n’eûssent-ils opté, à une époque où c’était encore possible, pour le « congé de fin de carrière » ou pour la « cessation progressive d’activité » ! … Au lieu de s’agiter, de se contorsionner, le cul haut levé, le bras tendu, sur un « dada du manège » pour « choper le pompom avant que celui ou celle, assis derrière sur le dada précédent, ne le chope » ! (rire)…

     

     

  • Regard dans les yeux

    … « Peut-on imaginer plus grand miracle que celui qui a lieu lorsque nous nous regardons dans les yeux les uns les autres l’espace d’un instant ? « 

     

    [ Henry David Thoreau, Walden ]

     

    … Certes, dans l’espace d’un instant, si bref, si fugitif – même si cet instant est comme un « petit espace d’éternité », ce regard dans les yeux les uns les autres ne nous réunit pas dans les « vingt-mille lieues de nos vécus, de nos écritures, de nos passions, de nos attentes, de nos quêtes d’un ailleurs et d’un autrement, tout cela étant impossible à faire passer en un instant si bref… Mais nous réunit dans cette soudaine, furtive et réciproque conscience aiguë de nos existences respectives… Et c’est sans doute là le « miracle » : cette conscience aiguë de l’existence de l’autre, une sorte, en somme, de « coup de foudre » entre deux ou plusieurs êtres, et donne à chacun regardant l’autre dans les yeux, l’impression de se connaître depuis toujours… Alors même qu’à peine une minute plus tard, nous nous éloignons l’un de l’autre, les uns des autres, nos routes et nos destins étant différents, et que nous ne nous reverrons jamais…

     

    Ce qu’il reste de cet instant où nous nous regardons dans les yeux, c’est la trace que ce regard laisse pour un temps ou pour toujours, et qui nous accompagne, même si dans la trace il n’y a que de l’imaginaire…

     

     

    Nous ne sommes jamais autant réunis que lorsque nous nous regardons les uns et les autres dans les yeux…

     

    Dans des manifestations contre ou pour ceci ou cela, dans ces longs défilés et de marche dans la rue ; dans des opinions publiques partagées et relayées, dans des cérémonies, dans des spectacles où l’on rit tous ensemble, dans les dîners de famille, dans les assemblées dont on fait partie, de personnes… Nous ne sommes réunis qu’en apparence, dans des préoccupations qui nous sont communes, dans des échanges en lesquels le regard porté sur l’autre et que cet autre nous porte, n’est pas présent… Ou s’il l’est, présent, il ne nous réunit pas, il nous regroupe, nous accole, nous apparente, nous fédère, nous assortit… Ce qui n’est pas la même chose que de nous réunir…