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Paroles et Visages - Page 6

  • Dechetteries

    Dans les déchetteries, des containers sont affectés les uns à ce qui est en bois (objets en bois, planches, caissettes, etc.), les autres en bois également mais étant du mobilier usagé, cassé ; d’autres également pour tout ce qui est en métal… Et il en est qui sont affectés à ce que l’on appelle « les encombrants » (jadis le « tout venant ») où l’on y jette pêle mêle tous les objets usagés utilitaires, décoratifs, produits de la société de consommation, souvent en matière plastique… En gros tout ce que les gens achètent dans des Casa, des Gifi, des Action, Norma, etc. ou dans les grandes surfaces commerciales d’équipements ménagers, de bricolage…

     

    Ce sont d’ailleurs tous ces objets d’une diversité d’usages absolument considérables, que l’on retrouve dans les habitations, dans les débarras, dans les caves et les greniers, ou présents sur des étagères dans les différentes pièces de la maison, et dont beaucoup finissent en « vide-grenier » du village une fois l’an… Tous ces objets de tant d’usages, fabriqués en Chine et acheminés par porte-containers dans les grands ports Européens, Américains, puis véhiculés par des camions de 40 tonnes jusqu’aux centres de distribution, magasins, boutiques, grandes surfaces commerciales…

     

    Comment est traité ce qui, jeté en déchetterie, fait partie des « encombrants » (trié, transformé, détruit si ça peut être détruit – et comment), sachant que les matériaux qui composent tous ces objets selon leurs différents usages sont en général des assemblages ou des mélanges de matières plastique, de produits de synthèse, etc. ? Cela devient ou se réduit en quoi, tout ce qui est ainsi traité ?

     

    Vu le nombre d’habitants sur Terre, l’immensité, l’étendue, la densité de populations, de logements, de centres urbains de millions de personnes ; vu le besoin en consommation au quotidien, d’objets, d’équipements utilitaires ou accessoires, et qui de surcroît doivent être périodiquement renouvelés ; vu la somme et la diversité des activités industrielles et économiques pour fabriquer en aussi grand nombre tous ces objets…

     

    Comment la totalité des déchetteries existant actuellement sur notre planète, peut-elle arriver à traiter, recycler, transformer, détruire tout ce dont les humains se servent, utilisent, usent, au quotidien dans la vie d’aujourd’hui qui n’a plus rien à voir avec la vie d’il y a cent ans, où on n’était qu’un milliard et demi d’humains sur Terre ?

    Cela donne le vertige d’y penser !

     

     

  • "Ne pas railler, ne pas déplorer, ne pas maudire, mais comprendre" [ Spinoza]

    Cependant, lorsque, dans la mesure où l’on parvient à comprendre – ce qui exige recherche, interrogation, réflexion, travail, analyse (en somme « aller au plus profond des choses » et donc au-delà des apparences, au-delà de ce qui, dans un ordre présent du monde, doit se croire et se savoir, au-delà des acquits, au-delà de ce qui est connu et considéré comme étant vrai)…

    Comprendre, vraiment comprendre n’interdit en aucune façon, de se moquer, de critiquer, de contester, de refuser, de s’opposer, de résister, de dénoncer, d’infirmer…

    La grande différence qu’il y a, lorsque l’on comprend, c’est que l’on ne se moque plus, que l’on ne critique plus, que l’on ne conteste plus, que l’on ne refuse plus, que l’on ne s’oppose plus, que l’on ne résiste plus, que l’on ne dénonce plus, que l’on n’infirme plus… De la même façon qu’avant, lorsque nous ne comprenions pas et tenions pour acquit ce qui devait se croire et se savoir universellement et par tous…

    Comprendre, enfin comprendre – le pourquoi, le comment – après tant d’interrogation, de recherche, de travail, de réflexion, d’analyse, de découverte… Suppose et -ou- implique, que l’on communique autour de soi, aux autres, autant qu’il est possible, ce que l’on a compris… Bien qu’il y ait assurément un risque à prendre, à communiquer, lorsque les autres se sentent dérangés par ce qui leur est annoncé…

    La seule manière – à mon sens – de réduire la prise de risque, c’est de ne point faire, de sa moquerie, de sa critique, de sa dénonciation, de sa contestation, de son refus, de sa résistance… Un engagement qui s’apparente à du fanatisme… Mais – ce qui est difficile et exige une indépendance d’esprit au-delà du commun – un engagement d’une grande détermination, d’une grande sincérité et d’une grande lucidité…

    C’est bien là le sens de l’engagement : déterminé, sincère, lucide, mais non partisan fanatisé s’exerçant dans la violence et dans le despotisme…

     

    Mais il y a aussi parmi ceux et celles qui, en ce monde, comprennent – et qui peut-être sont les plus nombreux – se taisent, ne s’engagent pas, demeurent silencieux dans la connaissance qu’ils, elles ont acquise…

    Est ce par crainte d’être persécutés ? Par timidité ? Par manque de courage ? Est-ce que leur incorfort, alors, qui est surtout fait de solitude, n’est pas plus inconfortable encore que l’inconfort qui serait celui d’être persécutés ou bannis de la communauté humaine dont ils, elles, font partie ?

     

     

  • Visage

    Les torrents de lumière estivale font porter chapeaux, casquettes et lunettes de soleil…

    L’haleine glacée des saisons hivernales fait porter bonnets, écharpes et doudounes matelassées…

    Mais par tous les temps et en tous lieux, de mon visage sans chapeau, casquette ou bonnet, ainsi que de mon regard sans lunettes de soleil ; dans la dureté ou dans la beauté du monde, s’envolent aux alentours, tous ces mots écrits dans la langue et dans la grammaire autant de mon visage que de mon regard…

    Ça n’existe pas un dictionnaire qui traduit des mots de visage et de regard en mots de langage de n’importe langue du monde…

    Mais les mots de visage et de regard ont néanmoins une grammaire…

     

     

  • Ordre établi

    Lorsque les contestations se déclinent en mouvements – de foule, de groupe – et en manifestations, en expressions violentes et en crispations exacerbées, s’imposent dans l’espace public – et notamment sur les réseaux sociaux les plus utilisés – deviennent épuisantes polémiques entre interlocuteurs inconciliables et figés dans leurs convictions ; et qu’elles s’invitent dans les débats et dans les entretiens de plateaux et émissions de télévision ; elles contribuent à l’émergence de nouvelles dominations dans un ordre établi qui se renforce…

    Et ce sont alors les strates en décomposition et en brisures éparpillées de la société toute entière – locale ou à l’échelle de toute la planète- qui se heurtent en un grand han de haines et de violences que l’éclat des paillettes, la volerie des masques et les cérémonies ne parviennent pas à dissimuler…

     

  • Petit conte "sans-dents-tique"

    C’est Gautier, il a, en face de lui assez souvent, lors de repas festifs de l’ association dont il fait partie, Fulbert, un peu plus jeune que lui de quelques années, qui met à peine cinq minutes pour finir de manger son entrecôte ou sa tranche de rôti de veau accompagnée de flageolets ou de petits pois…

     

    Gautier, quant à lui, met « un temps fou » pour parvenir au dernier tout petit morceau de l’entrecôte ou de la tranche de rôti de veau qu’il découpe peu à peu en morceaux de la taille d’un comprimé d’aspirine…

     

    C’est que Gautier, avec son « coefficient masticatoire »… Et notamment depuis que ses incisives du dessus, complètement usées, sont devenues inexistantes, éprouve de réelles difficultés pour absorber des aliments devant être mâchés plus ou moins longuement…

     

    Fulbert, en face, ayant « négocié en deux temps trois mouvements » son entrecôte ou sa tranche de rôti de veau, après avoir soigneusement saucé son assiette, croise ses mains, ses avant-bras devant lui sur le bord de la table, incline légèrement son visage et son regard en direction de l’assiette devenue « aussi propre qu’un sou neuf »… Se tient coi, ne dit mot, demeurant « pensif » alors qu’autour de lui fusent les propos, les conversations, les rires, de la trentaine de participants au repas festif…

     

    Pour Gautier qui, durant près d’une demi-heure, « bataille avec sa tranche de viande » il est hors de question, qu’il y aille de sa voix, de ses propos, de quelque répartie que ce soit ; il ne peut en effet à la fois mastiquer et causer…

     

    « En général » - pour ne pas dire « à tous les coups » - Gautier, 79 ans, de coefficient masticatoire inférieur à 30 %, et ayant depuis peu vu disparaître, complètement érodées, ses incisives du dessus ; lorsqu’il se rend au restaurant avec son fils et sa belle fille, ou en famille ou avec des amis, opte rarement pour le menu du jour qui comporte en plat principal, le plus souvent, une viande… Il « étudie » le menu – juste le temps qu’il faut afin de ne pas trop faire attendre ses voisins- et choisit automatiquement des plats ou des préparations qui ne nécessitent pas de devoir effectuer un « dur travail de mastication »…

    C’est que Gautier, outre son coefficient masticatoire déficient, n’a jamais été un « rapide à table » et en dépit de sa « bonne volonté », de son souci des autres (de ne pas les faire trop attendre), il est toujours « bon dernier » à finir…

     

    Ah, c’est que quand il est seul chez lui devant son assiette, que personne n’a à l’attendre, alors il prend son temps en toute liberté…

     

    Vingt ans plus tôt, Gautier avait un meilleur coefficient masticatoire et surtout, des incisives du haut pour commencer à entamer sans devoir au préalable « coupototer » avec son opinel en petits morceaux à introduire entre ses lèvres l’un après l’auttre…

     

    Mais… À 79 ans, et vu le temps qu’il lui reste à passer sur cette Terre, Gautier n’envisage point de dépenser une fortune – quelque chose, peut-être, comme dix mille euro tout compris – pour se faire poser une dentition équivalente à celle d’une personne de trente ans…

     

    Disons qu’il pourrait – à la limite – Gautier, opter pour le dentier amovible conventionné par la Sécurité Sociale et entièrement pris en charge avec sa mutuelle… Ce serait- là, en effet, une solution…

     

    Un dentier ? Il y a pensé, Gautier… Il en avait trouvé un sur Internet… Mais l’essai n’a pas du tout été concluant : ça collait pas à la gencive, ça se barrait au moindre mouvement de la langue… Et en plus, la commande par internet, c’était pas sur un site sécurisé, mais de fiabilité douteuse, et le produit a mis un mois et demi pour arriver à destination (made en China)…

     

    À noter aussi que Gautier, au petit déjeûner, ne prend jamais de pain grillé…